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La Cécité des Amoureux

Bonjour, comment allez-vous ?

Je vais très bien, je vous en remercie. 

 

 

Tout d’abord qui est qui et qui fait quoi ? 

La Cécité des Amoureux est un groupe à géométrie variable. Trois personnes sont cependant au centre du processus créatif. Noëlle Elisabeth Grégoire aux claviers et à la composition, Julien Hockers à la guitare et à la composition également. Je suis, quant à moi, l’auteur et l’interprète de la formation. 

 

 

Parlez-nous de votre EP « Tout ça n’existe pas ». Comment est-il né et qu’est-ce qui n’existe pas ?  

La Cécité des Amoureux a choisi de débuter son parcours par la scène. Lors de la promotion d’un concert au Botanique de Bruxelles, nous avons rencontré, par le plus grand des hasards, une personne qui allait s’avérer déterminante dans notre parcours, Pascal Charpentier. Ce dernier venait tout juste de composer un superbe titre, « E Justo », pour l’album « Les Vestiges du Chaos » de Christophe. Nous avons échangé et nous sommes trouvés de fortes affinités.

Pascal Charpentier nous a alors présenté à Christophe Van Huffel, réalisateur et co-compositeur de l’album en question de Christophe. Le même phénomène s’est produit. Une amitié est née de nos échanges et l’idée de travailler ensemble s’est naturellement imposée. Pascal Charpentier s'est alors chargé de la direction musicale et Christophe van Huffel de la réalisation.

Le 4 titres « Tout ça n’existe pas » est né de ces rencontres. Un quatre titres, enregistré entre la Belgique et le Sud de la France, mettant à l’honneur les cordes et le texte. 

La chanson donnant son nom à cet EP traite de l’éphémérité du souvenir. Une vision certes nihiliste de l’existence mais ayant au moins le mérite de répondre à votre question. 

 

Et ce premier clip virtuel comment a-t-il été conçu ? 

 

Pour la sortie de notre disque, nous avons rapidement pris la décision de ne pas proposer de support physique au public afin d’explorer d’autres formes de création. De le bousculer dans ses habitudes en l'intégrant à notre démarche. 

La chanson « Tout ça n’existe pas » est particulière dans notre répertoire. Je la considère comme la pierre angulaire dans laquelle vient s’imbriquer chacun de nos autres titres. Le texte établit un tour d’horizon de nos relations amoureuses depuis la naissance jusqu’à notre disparition. Une vision à 360 degrés de l’existence qui se prêtait particulièrement bien à la réalité virtuelle.

 

Pour tout vous avouer, un clip plus traditionnel avait été entièrement écrit. Quand l’idée de la réalité virtuelle s’est imposée, nous avons tout recommencé depuis le début et sollicité l’aide de deux boites belges spécialisées dans ce genre de productions. Lionel Massart de Production 21 s’est chargé de la réalisation et du montage, Jean-Louis Decoster  de l’agence Poolpio, de la post-production. 

Nous avons également souhaité, à travers ce clip, présenter le travail d’artistes en art contemporain que nous aimons et avec qui nous travaillons régulièrement. La sculptrice Nel 14512 s’est chargée des bustes qui nous accompagnent dans cette vidéo, la styliste Sara Roces Buelga et l’orfèvre Louise Kopij se sont, quant à elles, respectivement occupées des vêtements et bijoux que porte Noëlle, notre claviériste.

En résulte un petit musée à ciel ouvert se confrontant à la froide beauté d’une forêt enneigée. 

 

 

Comment vient l’inspiration pour la compo des textes ?

 

J’ingurgite énormément de matière pendant une période donnée tout en me fixant sur certaines thématiques que je souhaite explorer. Les textes naissent alors de fulgurances s’apparentant, sans mysticisme aucun, à de l’écriture automatique. 

 

Le délai d’écriture varie toutefois énormément. Allant de quelques heures à plusieurs années. Je m’exerce donc, au quotidien, à dompter au mieux cette particularité.

 

 

Même question pour la composition de la musique

Généralement, je propose les textes à Julien ou à Noëlle selon l’instrument que je pense être le plus adapté au morceau. Je leur soumet des images, au propre comme au figuré. Les musiciens me reviennent alors avec des propositions que nous affinons au sein du groupe. Certaines de ces compositions s’éloignent fortement de mon idée première révélant ainsi toute l’importance et la richesse du travail d’équipe. 

 

 

Imaginez un mauvais génie vous enlève le fait d'être musicien, quelle autre forme d'art choisiriez-vous ?

 

J’imagine que mon choix se porterait vers l’écriture. La mise en musique me manquerait toutefois profondément.

Je me permets, fort heureusement, parfois de douter de l’existence des djinns. 

 

 

Terre inconnue, terrain connu ou terre connue ? 

 

Si le tout est bien plus grand que la somme des parties, je m’autorise à choisir les trois. 

 

 

Grosse scène mythique ou concert intimiste ? 

 

Les deux me plaisent pour des raisons différentes. J’avoue cependant avoir une préférence pour les grandes scènes permettant de mettre en place une scénographie pensée et étudiée.  

 

 

La plus belle récompense que vous ayez reçu l’année passée … 

 

Ayant déjà parlé de notre collaboration avec Pascal Charpentier et Christophe Van Huffel, je pense immédiatement au tournage de notre premier clip « Célibataire (et trententaire) ». 

Je tenais à ce que ce tournage se passe à Paris afin que se dégage des images une certaine élégance à la française. Le réalisateur parisien Antoine Villiers, dont j’admirais énormément le travail, a directement emboité le pas suite à une promesse de travailler ensemble que nous nous étions faite des années auparavant. 

Ce tournage était une belle récompense. Tourner au jardin du Palais-Royal à proximité des célèbres colonnes de Burren ne peut que s’apparenter à une forme certaine de jouissance. 

 

 

Rêve ou réalité ? 

Réalité virtuelle. 

 

 

En tant qu’artiste et être humain comment vous voyez le monde qui vous entoure ? Quelle est à vos yeux la première chose à changer pour que le monde tourne mieux ? 

 

J’imagine que le rôle de l’artiste et de transcrire sa propre vision du monde. C’est ce qui définit son authenticité et qui rend son travail d’autant plus précieux. 

 

Je déplore régulièrement un certain manque de diffusion de la culture. Un manque d’audace de la part de certains médias qui valorisent le racoleur plutôt qu'une certaine exigence. Je suis intimement persuadé que la culture est un outil important d’émancipation. Reste encore à la rendre accessible au plus grand nombre. 

 

 

Je ne veux pas vous porter la poisse, mais est-ce qu’à un moment donné de votre vie vous vous êtes dit : stop j’arrête là et je me lance dans le métier de banquier ? 

 

Croyez-moi, le système bancaire se porte bien mieux sans moi. À chacun ses compétences. L'une des miennes est très certainement de créer. Cela n’empêche pourtant nullement le doute de s’installer régulièrement. 

 

 

Est-ce que vous vous inspirez du 7ième Art ou d’autres artistes pour la composition des titres ou au contraire vous voulez à chaque fois un album singulier qui vous ressemble ? 

 

Je vous le disais en début d’entrevue, je consomme énormément de productions artistiques. C’est une nourriture essentielle à mon écriture et n’empêche en rien la singularité de notre proposition.

J’aime beaucoup le cinéma : Federico Fellini, Lars von Trier ou encore Jean Cocteau font sans conteste partie de mes piliers. 

 

La littérature me plait tout autant. Qu’elle soit contemporaine ou non. Je m’autorise sans aucun mal à passer du dernier Jérôme Colin (« Le champ de bataille ») à « Splendeurs et misères des courtisanes » de Balzac. 

 

Un grand écart nécessaire.

 

 

Une première partie de rêve serait celle de … 

Les premières parties de rêve sont nombreuses : Marie Laforêt, Etienne Daho, Pierre Lapointe, Hubert-Félix Thiéfaine, Claire Diterzi, Adamo. Ou même Patricia Kaas dont le charisme froid me fascine depuis le plus jeune âge. 

Néanmoins, j’aimerais énormément pouvoir un jour collaborer avec Daniel Bélanger, artiste québécois que j’aime tout particulièrement.

 

 

Noir ou blanc ? 

Noir, définitivement.

J’ai toujours été bien plus attiré par la noirceur que par la lumière. Je n’y vois cependant aucune fatalité. Plutôt un simple trait de caractère. 

 

 

60 70 80 90 ou 2010 ?

 

Le temps est une donnée qui m’est extrêmement abstraite. Je préfère ne pas m’en incommoder et produire au mieux durant le temps qui m’est imparti. 

 

 

Le style de musique que vous avez du mal à écouter … 

 

Aucun. Nous parlons autant de Wagner que de Stupeflip au sein du groupe.

 

 

La ville internationale pour faire un bon concert de ouf… 

Montréal, sans aucune hésitation. J’y ai vécu pendant un temps et une partie de mon coeur est définitivement resté là-bas. 

 

 

Ce que je peux vous souhaiter aujourd’hui pour demain 

 

Méfiez-vous, je pourrais être un mauvais génie. 

 

 

Merci infiniment pour cette interview, je vous laisse le mot de la fin même si elle n’existe pas.

Balzac dit justement que le bonheur est la fin que doivent se proposer toutes les sociétés. Donnons-lui raison et autorisons-lui cette conclusion. 

 

Crédit photo :  Lionel Massart

 

Voici le lien menant vers "Tout ça n'existe pas (Expérience 360)" : https://youtu.be/_SjXiY8h7Pw

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