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Littérature au féminin avec Sabine Dormond

Bonjour Sabine comment allez-vous ?

Bien tant qu’on est en été, ma saison préférée, et à trois semaines du Livre sur les quais, l’événement le plus attendu de l’année.

 

Vous en 4 mots …

Idéaliste en quête d’authenticité

 

Le livre qui vous a le plus marqué dans votre enfance :

La peste de Camus. Le personnage qui m’a particulièrement touchée, c’est l’écrivain en herbe qui reformule inlassablement la première phrase de son futur roman parce qu’il vise la perfection, qui remplit des cahiers et des cahiers de cette première phrase sous toutes ses tournures et qui, bien plus tard, se sachant condamné, jette au feu l’œuvre inaboutie de toute sa vie.

 

 

L’élément déclencheur qui vous a donné envie d’écrire :

Dès mon plus jeune âge, j’ai toujours aimé écrire – à sept ans, je publiais mes premiers poèmes dans un magazine-jeunesse - mais c’est l’indignation face aux durcissements de la loi sur l’asile et à la menace de renvoi de migrants installés ici depuis des années qui m’a amenée à écrire un premier recueil de nouvelles avec une autre militante : Hélène Küng.

 

 

L’écrivain ou l’élément qui vous inspire pour écrire des livres :

Je me laisse souvent inspirer par l’actualité qui - je la caricature et la transpose sur un plan métaphorique – ou par les gens que je rencontre, les réflexions qui m’interpellent ou les thèmes des concours. Voilà cinq ans et demi, j’ai fondé avec ma sœur et mon ami un groupe de férus d’écriture qui se rassemble au rythme des pleines lunes pour se donner des consignes farfelues et des thèmes déjantés, un peu dans l’esprit des Oulipiens.

 

De tous les livres que vous avez écrits, lequel selon vous est le plus réussi ? Celui dont vous êtes le plus fière ?

Comme j’ai l’espoir qu’on s’améliore avec la pratique, j’ai toujours envie que le plus abouti soit le dernier, en l’occurrence Le parfum du soupçon qui paraît fin août 2016 aux éditions Mon Village. Il y est question de trahisons, la trahison sous ses différentes formes, y compris de soi à soi. Mais aussi du lien particulier qui se tisse entre un auteur et ses personnages, ce rapport d’amour-haine et de dépendance mutuelle.

 

La valeur sûre au niveau littéraire actuellement

Il y en a énormément, citer des noms, c’est s’exposer à coup sûr au risque d’en oublier. Ceci dit, je suis très sensible au talent de Pascale Kramer et de Noël Nétonon Ndjékéry, inconditionnelle de Laurent Gaudé et Milan Kundera, enchantée par Philippe Bordas.

 

Le livre que vous avez détesté lire pendant votre adolescence …

L’école ne m’a pas infligé, comme à mon fils, la lecture des lais de Marie de France, poèmes d’amour courtois du XIIe siècle. Initier les jeunes à la lecture à travers un livre de ce type est un moyen assez efficace de les dissuader d’en ouvrir un autre.

 

L’écrivain que vous rêvez de rencontrer

Dans les rêves, tout est possible n’est-ce pas ? Alors Victor Hugo, Emile Zola et pourquoi pas Virgile. Mais surtout Victor Hugo

 

 

Michel Bussi, Harlan Coben, ou Marcel Pagnol ?

Clairement Pagnol. J’aime son univers plein de tendresse et la beauté de sa langue.

 

Votre dernier livre Full Sentimental c’est un clin d’œil à Alain Souchon ou même pas ?

Full sentimental n’est pas mon dernier livre, j’en ai publié trois autres depuis : Don Quichotte sur le retour, Une case de travers et Le parfum du soupçon. Le titre de la nouvelle éponyme du recueil Full sentimental est un clin d’œil à Souchon bien sûr, mais parle d’autre chose que sa chanson : de dépendance affective, de dépendance au jeu (le yatzee, d’où le mot full qui est une combinaison de 3 + 2) et d’un couple qui s’y enlise jusqu’à la folie.

 

Si je vous dis : « lire ressemble à regarder l’horizon. D’abord on ne voit qu’une ligne noire, puis on imagine des mondes », vous me dites ?

Ça me rappelle les versions latines où le sens de la phrase émerge peu à peu, au fil de l’analyse grammaticale.

 

Si vous n’étiez pas écrivain vous seriez …

Un peu plus de ce que je suis déjà à côté, traductrice, pont entre deux cultures, bénévoles, guitariste, organisatrice d’événements, gauchiste, écologiste…

 

Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?

De trouver chaque jour une façon de cultiver l’honnêteté, la loyauté, la solidarité et la sincérité.

 

Merci beaucoup Sabine d’avoir répondu à mes questions et belle continuation littéraire.

 

Crédit photo : 2013, AdS, LSQ, M. F. Schorro.

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