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Matthieu Penchinat, tout seul comme un grand

 

Bonjour Matthieu, comment ça va ?

Ca va toujours bien, même quand ça va pas...

Et là, je rentre de 5 semaines de tournée au Japon et en Corée du Sud. Donc, ça va bien.

 

Est-ce que vous pouvez vous décrire en quelques mots ?

Difficile.

Enfin, je ne dis pas que je suis difficile, je dis que c'est difficle de se décrire en quelques mots.

Disons, que je suis grand et que j'ai une moustache.

J'aime l'humour absurde et je pense que le rire est un moyen et non un but.

Je suis clown, de formation.

Et protestant, de filliation.

En résumé, je trouve importante la ponctuation dans un texte.

 

Pourquoi l’humour et pas un autre domaine ?

Ca n'est qu'une facette.

Je ne suis pas drôle tout le temps, rassurez vous. Je sais être très chiant. Ou mélancolique. Ou songeur. Ou amoureux.

Après, je ne peux de toute façon pas m'empecher de faire des conneries.

J'ai fait des études d'informatique, et les gens riaient beaucoup quand je faisais une présentation de projet... S'il y a une bonne vanne a faire, j'ai du mal à résister.

Pour moi, c'est de l'élégance, l'humour.

J'ai fait rire les gens lors de l'oraison funèbre que j'ai écrite pour mon grand père.

J'ai pleuré tout du long. Les gens aussi. Mais ils ont ri.

Je suis comme ça.

Quand tout est sombre, je trouve une blague pour que les gens aillent mieux.

Je suis un clown, quoi.

 

Votre scolarité c’était enfant sage et studieux ou cancre racontant une craquée de vannes ?

Enfant plutôt calme, rêveur. Bon dans ce qui l'intéresse. Mauvais dans le reste. 12 de moyenne. Ni bon, ni mauvais. Moyen et discret. Mais j'ai eu quelques petits moments de gloire en éprouvant mon humour face à certains profs...

 

Comment s’est passée votre première fois sur scène ?

C'était un match d'impro. J'étais un des « plutôt bons » de l'atelier. J'ai fait des choses pas terrible. Sauf ma dernière impro qui est devenue un sketch plutôt bon... Sur un sauveteur qui ne sauve pas le gens. J'ai pas trop de souvenir. Sauf ce plaisir incommensurable de trouver une vanne qui marche.

 

L’humour vous l’avez dans le sang on est d’accord ?

Je dirais dans le ventre, plutôt. Et un peu partout dans le corps. C'est charnel, physique. C'est aussi dans le sang, mais plus loin encore dans les fibres musculaires, dans les neurones, dans l'énergie qui nous traverse. Ca n'est parfois qu'un regard que j'adresse et moi, j'hurle de rire, à l'intérieur, dans mon ventre. Et mes yeux brillent.

 

Que pensez-vous de cette phrase : le rire est le propre de l’homme!

Je crois surtout que je ne comprends pas bien la portée de cette phrase qui me semble plus anthropologique qu'autre chose. Et ce n'est pas vraiment mon domaine de prédilection, j'aurai du mal à me lancer dans une exegèse.

Sur le sujet du rire, une phrase importante pour moi : “L'humour, c'est quand on rit quand même.”

 

Coluche, Elie Kakou, Kev Adams ou Gad Elmaleh ?

Par défaut, Coluche et Elie Kakou.

Mais je dirais plutôt : Les Monty Python, Benoit Poelvoorde, Albert Dupontel, Edouard Baer...

Sans oublier Harold Lloyd, Buster Keaton et Charlie Chaplin.

Et Will Ferrel, bien sûr. Et Louie CK, comme tout le monde.

Sans oublier, les Blier. Et Jean Rochefort, Philippe Noiret, Jean Pierre Marielle. Et Michel Serrault.

Et les Nuls, évidemment. Et Desproges et surtout Raymond Devos.

Bref, beaucoup d'autres que ceux là, en fait.

 

Vous parlez de la mort dans votre one-man, votre public il est happy à la sortie ou alors au contraire c’est la remise en question totale ?

Le lendemain des attentats de Nice, j'ai joué mon spectacle.

En sortant, les gens m'ont dit : « merci, c'est exactement ça dont on avait besoin aujourd'hui. »

C'est un spectacle qui fait du bien...

C'est même le cœur de mon travail, en fait. Dire des choses et que les gens aillent mieux. C'est bienveillant. C'est important pour moi.

 

5 minutes avant de monter sur scène vous êtes relax ou stress ?

Ça dépend des jours...

Excité, comme un enfant qui va faire son spectacle devant ses parents. Tout fier et tout flippé.

 

Pourquoi aborder ce thème là précisément et pas un autre ?

Je ne sais pas...

Parce que tout le monde meurt un jour. Tout le monde est angoissé ou au mieux questionné par ça. Alors, en riant avec ça - et je dis bien « avec » ça – et bien, après, on est apaisé.

Voilà...

Mais je crois que je réponds - indirectement - à cette question, ailleurs dans cette interview, en fait.

En résumé, parce que je suis un clown et que c'est donc dans ma nature.

 

Comment se démarque-t-on avec cette foule de nouveaux humoristes ?

En travaillant. En travaillant à être soi même. Il faut trouver sa singularité et ne jamais la perdre. Et travailler, encore et encore tous les aspects techniques d'un spectacle : le jeu, l'écriture, les lumières, les musiques, la mise en scène.

C'est sans fin.

Mais si on essaye d'être quelqu'un d'autre, comment se démarquer ?

 

Vous cherchez la célébrité, les paillettes ou pour l’instant c’est Enjoy et que du bonheur ?

C'est marrant cette question.

Parce qu'on peut être célèbre et heureux. On peut être dans le monde des paillettes sans être célèbre. On peut profiter de sa célébrité.

La célébrité ne m'intéresse pas. La notoriété, oui. Je ne veux pas « être connu », je veux que les gens connaissent mon travail.

Mais que je joue dans une salle de 2000 places comme avec Philippe Decouflé, ou de 50 places comme avec beaucoup d'autres spectacles : je kiffe...

 

En parlant de bonheur, il est où quand et comment ?

Là où on en a besoin.

Et pour moi, sur scène.

 

Vous dans 10 ans on en parle ou c’est même pas envisageable ?

Ca m'est déjà difficile de dire ce que je suis aujourd'hui alors ce que je serai dans 10 ans...

J'espère que je serai encore moi. J'aime bien ça.

 

Crédit photo : Philippe Hanula 

 

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