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Rencontre avec Paola Maiello, créatrice de bijoux

Bonjour Paola, comment ça va ?

Bonjour Stefanie, bonjour à tous, ça va très bien merci, j’espère que c’est le cas aussi pour vous tous.

Est-ce que vous pouvez vous présenter me parler de votre parcours pro ? On veut tout savoir 

Et bien et bien. Je suis née et j’ai grandi à Lyon en France, dans une famille Franco-italienne et depuis 3 ans je vis à Genève en Suisse où j’ai rejoint mon compagnon qui lui est Suisse, un vrai genevois de bleu. J’ai fait des études à la base pour être professeur d’italien mais pendant celles-ci j’ai commencé à me demander si jamais je réussissais les concours  est-ce que j’enseignerais toute ma vie car les bijoux  et la création en général, m’ont toujours appelé.J’ai commencé gamine à enfiler des perles, puis en France quand j’avais 16 ans c’était la mode des bagues en swarovski et je vendais déjà mes créations. Arrivée vers la fin de mes études j’ai commencé à travailler comme vendeuse pour une créatrice de bijoux fantaisie ( Saoya.) J’ai fini master et concours (que je n’ai pas décroché) alors je suis restée chez Saoya. Entre temps j’avais commencé à créer des bijoux pour moi et mes amis, puis leurs amis, puis pour des gens que je ne connaissais pas. En 2013 j’ai monté une micro-entreprise en France, j’ai pendant 5 ans créé pour ma marque qui était La Folle Fée Main, j’ai fini chez Saoya et j’ai passé ensuite mes dernières années en France en cumulant la création pour moi mais aussi à être dans un atelier à graver et assembler les bijoux de la marque Petits Trésors, j’en garde un très bon souvenir.  J’ai fait aussi un bref passage dans la bijouterie-joaillerie mais en vente pas en atelier. Et donc demain c’est l’anniversaire de mon arrivée en Suisse. Je ne pouvais pas lâcher le monde du bijou donc me voilà de nouveau, à Genève depuis un an et demi sous mon nom Paola Maiello.

Pourquoi vous lancer dans la création de bijoux ? C’est de famille ou même pas ?

Comme je vous l’ai dit je crée vraiment depuis 2011 mais j’ai 32 ans bientôt 33 et je joue avec les perles depuis que j’ai 11 ans. Mais le lien avec ma famille et dont je suis fière c’est que beaucoup sont artisans ou l’ont été et j’ai été très fière lorsque le nom de Maiello a été inscrit pour la 3ème fois à la Chambre des métiers et de l’artisanat de Lyon.

Parlez-nous de vos bijoux pour qui sont-ils faits, comment sont-ils créés etc etc

J’ai commencé comme beaucoup par simplement enfiler des perles, très vite le tissage de perles variées m’a attiré, j’ai pu développer mes créations. Il y a cinq ans j’ai commencé une nouvelle technique qui s’appelle la soutache, c’est long pour tout raconter mais en gros je pars d’un simple cordon tressé que je vais coudre au gré de mes inspirations en agrémentant de perles, de pierres de cabochon en différentes matières. Et en parlant de cabochons la dernière section arrivée est la résine, j’ai appris à m’en servir pour créer exactement ce dont j’ai besoin. Je pense que mes bijoux sont fait pour celles et ceux qui vivent en couleur. J’ai des produits fins pour ceux qui n’aiment pas l’exubérance mais je crois que le mot qui revient souvent c’est Baroque, et je crois que les gens qui s’offrent une pièce chez moi sont finalement eux aussi assez délurés ou du moins ont une petite pointe de folie cachée quelques parts. Mais chers amis, assumons, cela serait bien triste sinon.

Est-ce que les gens qui vous entourent, la vie de tous les jours vous inspire pour la création ou ma question n’a aucun sens ? 

J’imagine que oui dans leur discussion, amis et famille, doivent me donner beaucoup. J’observe beaucoup, je suis passionnée par l’Art et l’Histoire et j’ai la chance d’être l’héritière de deux superbes cultures la française et l’italienne. Je suis contente aussi de découvrir la Suisse, surtout qu’à Genève on rencontre plein de cultures différentes !

A quel moment de la journée vous sentez-vous la plus créative ? Tôt le matin ou tard le soir ?

Quand ça me prend mais je suis plus productive en fin de journée jusqu’à tôt le matin selon l’inspiration, mais je commence à avoir besoin de plus de sommeil qu’à vingt ans.

Question de style maintenant : on imagine une personne petite de taille avec un gros cou. Quel collier doit-elle porter ?

L’avantage d’avoir vendu des bijoux que ce soit les miens ou ceux des autres c’est que j’ai pu voir beaucoup de chose. On doit tenir compte déjà des goûts de la personne, effectivement de son physique mais aussi de ses besoins et ses contraintes, on ne mettra pas une énorme paire de boucle d’oreille à une infirmière pendant son service ou un long collier qui pend à un ou une mécano. Pour votre exemple, si la personne me fait confiance je lui conseillerais un sautoir pour allonger sa ligne et lui dégager le cou. Mais après c’est elle qui décide. C’est là aussi que la case du sur-mesure est intéressante, créer en collaborant est un réel plaisir et j’adore voir leur visage quand il porte leur bijou pour la première fois.

Où allez-vous chercher ces graines utilisées pour des colliers, boucles d’oreilles ? Les voyages y sont pour quelque chose non ?

J’utilise  pour mes perles ou autre formes, du verre, des pierres naturelles, du cristal, du bois, de l’acrylique, du tissu, je pense que quand on crée que ce soit bijou ou autre on devient facilement un collectionneur. J’essaie de me fournir dans le pays où la matière est produite comme les perles japonaises, les perles tchèques, la soutache slaves, mais non je n’ai pas encore la chance de pouvoir me déplacer sur place mais j’aimerai beaucoup.

D’où vous est venue cette envie de transmettre de belles choses aux gens ? Un sens un réel côté humain en vous.

Le bijou est aussi important que votre vêtement, on l’oublie. Vous pouvez dire qui vous êtes et changer d’avis tous les jours juste avec une paire de boucles d’oreilles ou un collier. Je pense que le créateur va chercher au fond de lui une vérité qui parlera aux autres, c’est d’ailleurs pourquoi on ne peut pas plaire à tout le monde, la beauté ou les belles choses ne sont pas universelles, elles sont culturelles et personnelles. Je pense que ce qui me plait, c’est quand j’arrive à créer une émotion à celui qui regarde mon travail. Je suis un peu un peintre, moi aussi j’ai une palette variée en couleur et en texture, mais avec moi vous pouvez porter la toile.

On se donne rendez-vous dans 10 ans. Deal ou pas ? 

Avec plaisir et j’espère que je pourrais vous dire que j’aime toujours mon métier et qu’il me le rend toujours autant. Aujourd’hui de plus en plus de personnes se mettent à leur compte et vendent soit des bijoux soit des cosmétiques etc etc. Comment faites-vous pour vous «démarquer» ? des autres. Qu’est-ce qui fait que vous êtes unique ?  Nous sommes tous uniques à la base, du moins j’espère. On va dire que ce qui peut être un tort pour certains et une force pour les autres, c’est que je reste fidèle à mes inspirations du moment et que j’essaie de ne pas me trahir. Le jour où je n’aurais plus rien à raconter comme histoire au travers de mes créations et qu’elles deviendront mécaniques et sans âme, c’est que la flamme se sera éteinte. J’ai peut-être tort de ne pas vouloir parler à tout le monde mais je suis assez fière de voir les personnes qui me suivent toujours depuis des années et le soutien qu’ils m’ont tous apporté à un moment ou à un autre. Ce n’est pas moi qui suis unique, ce sont mes bijoux, du moins j’aime à y croire. Je pars du principe que celui que vous portez, que vous vous êtes offert c’est le vôtre et que vous étiez fait pour vous rencontrer et qu’il vous apportera autant de plaisir en le portant que moi en le créant. Donc je suis quelqu’un qui prendra le temps de parler avec vous, de vous comprendre pour aller au plus proche de vos attentes, si je voulais devenir riche je n’aurai pas choisi ce métier, je ne suis pas là pour vous refiler un bijou parce que quand vous partez avec lui c’est un bout de mon âme qui part avec vous et qui a su toucher la vôtre. Les accessoires ont mauvaise presse, on confond la quincaillerie qu’on trouve en magasin sur un portant et la pièce que l’on découvre chez un artisan-créateur. Vous avez entre vos mains, ses essais, ses erreurs, ses larmes et sa réussite. Il l’a fait pour que vous n’ayez que le sourire et le plaisir pas le reste.  Vous ne verrez que le résultat, mais là où je me démarque c’est que souvent en voyant mon travail vous finissez par entendre la même chanson que j’écoutais, le même film que je regardais, et que l’histoire du bijou, vous aussi vous pouvez vous la raconter.

Qu’est-ce qui vous rend heureuse ?

Les échanges, les découvertes, les jolies choses, la vie sous bien des aspects. Tant que je pourrais apprendre, créer et aimer je serai heureuse que ce soit dans ma vie professionnelle ou personnelle. J’ai retenu une chose de mes années d’étude pour devenir professeur. « Le meilleur des professeurs c’est celui qui restera élève toute sa vie » je crois que si vous remplacez professeur par créateur ou autres cela restera juste. N’arrêtez jamais de vous émerveiller et d’apprendre.

Que pourrait-on vous souhaiter aujourd’hui pour demain ?

Que ceux qui ont toujours été là le soient encore, que de nouvelles personnes découvrent ce que je fais et surtout que mes dix doigts puissent toujours suivre le rythme de ma tête.

Merci infiniment Paola pour cette interview je vous souhaite une belle continuation professionnelle.

Merci à vous. Tout de bon.

 

https://lafollefeemain.ch

 

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