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Stephanie Glassey et son nouveau thriller «La dernière danse des lucioles»

Bonjour Stephanie comment allez-vous ?

Je vais bien, merci beaucoup ! Et vous ?

Parlez-nous de votre livre « La dernière danse des lucioles» pourquoi ce titre comment est-il né, on veut tout savoir

Si les idées fusent lorsqu’il s’agit d’écrire un roman, mon esprit se vide soudain de toute substance quand vient le moment de trouver son titre. C’est mon amoureux qui révèle un véritable talent en la matière. Je ne peux expliquer plus avant les raisons derrière ce titre parce qu’elles en disent long sur l’intrigue. Il y a l’idée d’une joie menacée, d’une explosion de lumière juste avant d’être avalé par l’obscurité.

Où avez-vous trouvé l’inspiration pour l’écriture de ce livre ?  

Il prend racine dans le semi-confinement de mars 2020, cette période où soudain, tout était différent et où la rupture agissait en révélateur de qui nous sommes. Durant ces jours suspendus, une amie a proposé de faire la fête sur Zoom. En bonne auteure de romans noirs – je craignais pour ma santé psychique jusqu’à ce que j’obtienne confirmation de mes collègues qu’il s’agit d’une déformation professionnelle – j’ai évidemment tout de suite imaginé ce qui se passerait si l’une de nous venait à être assassinée. Les amis : témoins impuissants, les écrans qui retransmettent des sons et des mouvements incertains, cela m’a inspirée. Et comme toujours, un meurtre me paraissait être le support idéal pour dire tant de choses de nous.

Question un peu naïve, mais j’assume complètement : c’est le thriller qui est venu vers vous ou c’est l’inverse ?  

Comme d’habitude, il est venu, s’est installé et, le jour où j’en ai pris conscience, il était déjà totalement déployé en moi.

Avec tous les livres que vous avez à votre actif, est-ce que le syndrome de la page blanche, on connaît ou pas ?  

Le syndrome de la page blanche non… En revanche l’incapacité à choisir ou plutôt à sentir l’idée à laquelle donner corps et matière, oui. Et parfois aussi, une perte de l’élan vital, comme si les pages se désincarnaient, que les mots se faisaient languissants. Et pire que tout, les grands passages de doute où tout se révèle inutile, dérisoire, où l’arbitraire de songer à figer un mot ou une idée m’explose au visage et où tout paraît vain.

Qu’est-ce qu’il a de plus ce livre-là par rapport aux autres ? 

Il est plus spirituel et déjanté à la fois – selon les croyances et le point de vue – puisque la défunte y mène l’enquête avec nous. Il est plus actuel également.

On est d’accord que ce livre-là est basé sur une fiction, y a pas une once de réalité, l’histoire est pas réelle

Tout à fait ! Enfin, pour autant qu’on s’accord sur l’idée d’une réalité « vraie » qu’on pourrait différencier de la fiction. Je ne suis pas sûre que les limites n’en soient pas plus poreuses que ce que l’on aime habituellement penser. Mais fondamentalement, oui, c’est une fiction.

Un livre à 4 mains ça le ferait ou pas ? Si oui avec qui ? 

J’adorerais ! J’avais commencé déjà, d’ailleurs, avec mon ami Matthieu Fournier.

Quelles sont vos influences littéraires ?

Je pense que tout ce que je lis me travaille, parfois consciemment et parfois comme des courants sous-marins, plus ou moins puissants, violents, discrets. Je ne prétends pas avoir suffisamment de conscience pour dire qui sont les auteurs et autrices qui influencent ma manière d’écrire, ni avoir la maturité pour avoir déjà intégré ces références majeures pour moi et que cela se ressente dans mes mots mais les autrices et auteurs qui ont une influence sur ma vie sont… Régine Desforges, Marcel Proust, Anne Brécard et Jérôme Meizoz.

Quelles sont vos sources d’inspiration pour l’écriture ? 

Les gens, la vie. C’est un peu trop simple comme réponse, non ? Le besoin de faire quelque chose de l’observation et surtout de la rencontre des gens et de la vie, des émotions que cela crée en moi. Le besoin de faire quelque chose, peut-être en réaction à cette folie que c’est, d’être vivants, quand on y pense. D’être chaque jour témoin d’instants de grâce ou de souffrance, du plus beau comme du plus triste. De savoir qu’à chaque seconde quelqu’un aime, pleure, meurt, supplie et que d’autres s’ennuient. Que tout est si dérisoire et, par-là même, indispensable, précieux, unique. Il y a une telle force à vivre que l’écriture est comme un remède : à la fois à l’éphémère, à l’impuissance et à la trop grande intensité de la vie. Elle permet de décanter le drame parce qu’on le dit, de danser avec cette brièveté et de la célébrer, lui rendre hommage. Je pense qu’il y a aussi un soulagement – peut-être illusoire – à l’idée de pouvoir agir. Je suis souvent submergée par la beauté et la cruauté de la vie et par le privilège d’en être témoin et je sens une urgence confuse et écrire permet de l’apaiser. La vie passe à travers chacun de nous et on tente de la dire. Et finalement, écrire permet de sortir du jugement, libère de l’axiologie et prolonge l’observation.

Le dernier livre que vous ayez lu, il parlait de quoi ? 

C’était Séismes, de Jérôme Meizoz, qui parle, je pense, du chemin ou peut-être justement de l’absence de linéarité, de devenir un homme. Ce sont des expériences personnelles - d’enfance notamment - qui, si on les déplie, portent un éclairage, ordonnent et donnent à penser les nôtres. Et comme chacun de ses livres, c’est un livre qui parle si bien de nous, de là où nous sommes et de ce que les lieux nous font ou font de nous.

A votre avis qu’est-ce qui fait que vos livres plaisent autant ? 

J’espère que c’est l’amour pour mes personnages et le fait d’être attentive à l’existence, c’est la moindre des politesses qu’on doive à la vie, je pense et à l’écriture j’en suis sûre.

Votre recette du bonheur c’est quoi ? 

Ne pas croire au concept culpabilisant et selon moi stérile et surtout étranger à l’âme humaine du bonheur. Tenter d’être souvent disponible à la vie, présente au moment. Et accueillir, travailler la plus grande ouverture, la plus grande capacité d’accueil possible. Accueillir les émotions, les sentiments, les autres et les mouvements.

Le prochain livre de Stephanie Glassey, il parlera de quoi ?

C’est la suite de Confidences assassines, il parlera notamment des trajectoires des enfants placés.

Dernière question à vous poser : que puis-je vous souhaiter aujourd’hui pour demain ?

Oh ! Cette question est si belle ! De l’espace pour écrire et des mots libres.

Merci infiniment pour cette interview et belle continuation littéraire

Merci !

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