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Antoine Elie

Bonjour Antoine Elie, comment allez-vous ?

Bonjour ! Comme beaucoup, je varie du « bof » au « très bien » ... Là, tout d’suite, ça va bien, merci !

 

Je suis ravie de vous interviewer (depuis le temps que j’attends). Votre album sorti en février s’intitule le « roi du silence ». C’est pas un peu contradictoire pour un chanteur ?

C’est justement ce paradoxe qui m’a intéressé… « Roi du silence » est une chanson de l’album qui me tient à coeur ; elle parle de la sensation qu’on peut avoir, enfant et ensuite, que les mots sont désuets pour exprimer la profondeur de ce que l’on est et ressent…  Je trouvais que donner le nom de ce morceau à l’album était assez cocasse… Au même titre que les mots, les notes qui figurent sur cet opus étaient là bien avant lui, bien avant moi. Je n’ai fait que les assembler, finalement... Il y a un endroit en moi où j’ai la sensation que ce sont les mots qui me font penser et non l’inverse… Je voulais mettre en avant l’idée que je n’étais réellement maître que de mes silences ; que je n’étais donc pas forcément créateur du reste mais juste son objet...

 

J’ai écouté l’album, c’est vivant, vibrant, plein d’émotion, ça fait du bien. Y a un peu beaucoup ou passionnément de vécu dans ces titres ?

J’pense que chacun des titres est un écho d’un moi passé. Parfois directement comme pour « sous la mer », « la rose et l’armure », « clopes, sky-cola » etc… Parfois dans un exercice emphatique comme pour « nous liés », dans laquelle je parle de la maladie d’Alzheimer, « le bad », pour laquelle je pensais à une vieille connaissance héroïnomane ou encore « Nuit tranquille », écrite dans une période où j’avais tendance à finir mes soirées à picoler avec des sans-abris en essayant de comprendre...

 

Comment avez-vous eu l’inspiration pour cet album ?

Depuis gosse, j’ai toujours cherché l’ivresse, où qu’elle soit… L’ivresse d’écrire, de chanter et jouer dans la création, est ce que j’ai trouvé de plus fort et sain dans ma vie. J’ai l’impression de disparaitre le temps de laisser les émotions libres s’agiter… Lorsque je me réapparais, être spectateur du résultat (bon ou mauvais) est une sensation introspective inimitable… J’ai rencontré Luke et Swing, les co-compositeurs et réalisateurs de cet album, il y a 6 ans. Depuis, l’exercice s’en est trouvé infiniment plus intéressant puisqu’il a fallut apprendre à se connaitre, à se faire confiance, se mélanger… Cet album est le fruit de plusieurs années de symbiose entre eux et moi et c’est aussi et surtout pour ça que j’en suis aussi fier...

 

Un mot qui définirait votre musique, ce serait lequel ?

Question difficile… J’aurais du mal à la définir du point de vue de mes collaborateurs ou des auditeurs, j’parlerai juste au nom de ce qu’elle me fait quand elle sort… Elle est corrosive et libératrice… mais ça fait deux mots alors disons… Nécessaire...

 

Pourquoi faites-vous de la musique et quel est le message que vous voulez faire passer à travers votre musique ?

Les raisons pour lesquelles j’en suis arrivé ici avec la musique sont diverses. J’me souviens que le gamin que j’étais vibrait très fort émotionnellement à son contact… J’ai eu la chance d’avoir des parents également sensibles qui m’ont fait jouer du piano, de la guitare. On avait de quoi sonoriser un micro à la maison ; tout ça a dû aider… Et puis l’image de l’artiste torturé lors de la crise d’adolescence m’a permis, à l’époque, de tirer sur les cordes emphatiques alentours et de foirer ma scolarité en me confrontant, peut-être, moins violemment aux réactions mécaniques du monde adulte face à un ado indocile… Pour ce que je veux y faire passer, je n’parlerais pas de message mais d’émotion brute. J’pense que j’en fais pour véhiculer ce je-ne-sais-quoi qui me traverse et qu’on a tous en nous et, peut-être, y trouver une forme d'immortalité...

 

Fiction ou réalité ?

J’pense pas que la réalité existe ou tout du moins qu’elle nous soit accessible… Chacun, de son point de vue, la déforme et vis sa propre fiction en elle… Fiction, donc...

 

Passé, présent ou futur ?

Le présent, grâce aux deux autres...

 

Scène intimiste ou gros festival ?

Les deux procurent des émotions fortes mais je pencherais pour l’intimiste… L’idée d’essayer de ne faire qu’un, tous ensemble, le temps d’un show me plait bien...

 

Quelle place à dans votre vie, la musique ?

Difficile à dire, elle est diffuse un peu partout… Au même titre que tout le monde, elle sait me bouleverser, me libérer, accompagner mes marches interminables ou accentuer mes émotions devant un film qui me touche etc… J’aime plonger en elle et m’y laisser noyer quand la pulsion d’en faire prend le dessus… Et c’est la promesse d’une raison sociale qui me permettrait de rassurer mes vieux quant à mon avenir jusqu’ici incertain...

 

Si vous étiez une chanson ce serait laquelle ?

Lacrimosa Dies Irae du requiem de Mozart… C’est une des plus belles choses que j’ai jamais entendu...

 

Une année mythique de votre carrière musicale

J’espère que les meilleurs sont à venir mais je dois avouer que chacune de ces six dernières années a été marquante et décisive sur ce que je suis aujourd’hui. Pour rester cohérent, je vais choisir cette année-ci, 2019.

 

Un endroit idéal pour balancer vos morceaux toute la nuit …

Dans un bon casque audio collé à vos oreilles !

 

La musique est venue vers vous ou c’est l’inverse ?

C’est une danse ! Une affaire de tension et de résolution… Après, dire qui a commencé… J’suis pas une poucave ;)

 

Une première partie de rêve serait celle de …

Philippe Katerine ! Pour le rencontrer surtout mais je sais pas si son public serait ravi, haha

 

Le plus gros festival mythique à faire une fois dans sa vie ce serait lequel ?

Excellente question… Je n’suis jamais allé en festival ! Je suis preneur des suggestions.

 

Quelles sont vos influences musicales ?

Je pense que la musique qu’écoutait mes parents (Bach, Mozart, Beethoven, Vivaldi, Tchaikovsky, Brel, Brassens, Julien Clerc, Gainsbourg et j’en passe un paquet) a dû jouer inconsciemment… De mon côté, j’ai beaucoup écouté Marilyn Manson, Noir désir, Fink, Just Jack, Furax Barbarossa, Booba, Sch, Billie Holliday, Cesaria Evora etc… De là à dire qu’il y a un peu d’eux dans ma musique… Je n’sais pas...

 

Sans la musique la vie serait …

Un appel à l’inventer et en faire...

 

J’ai posé une craquée de questions, je vous laisse le mot de la fin

Haha, j’ai parlé d’une craquée de choses alors je dirais simplement merci pour toutes ces questions et à bientôt ;)

 

Antoine Elie merci infiniment pour cette interview et je vous souhaite une bonne continuation musicale.

 

Crédit photo : Jim Rosemberg

 

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