Image d'entête de l'article

Cécile Cabanac et Le Chaos dans nos veines  

Bonjour Cécile comment allez-vous ?  

 

Très bien, merci ! À quelques jours de la sortie, je ressens une certaine fébrilité mais je suis impatiente d’accompagner ce nouveau roman et le faire découvrir aux lecteurs ! 

 

Parlez-nous de votre thriller, comment est-il né ?  

 

“Le chaos dans nos veines “ est né de l’envie d’explorer la généalogie du mal, et à l’image des méandres que constituent nos veines, deux affaires apparemment sans rapport vont se rejoindre. Je souhaitais également explorer une nouvelle dynamique dans les relations de mon duo de héros. Rémy Brisseau est capitaine à Bergerac et il attend une mutation imminente dans le nord de la France, c’est un quarantenaire prématurément usé par son travail et une vie familiale un peu monotone.  Marianne Decointet, sa subordonnée, a été mutée-là assez récemment et elle est son opposée. Cette lieutenant est sportive, ambitieuse et célibataire. Entre eux, il y a constamment des étincelles pourtant cette affaire très complexe va les obliger à évoluer, s’écouter et faire l’effort de se comprendre. 

 

Dans cet ouvrage, les personnages sont fictifs ou réalistes ?  

 

Il y a toujours une part d’inconscient qui s’exprime lorsqu’il s’agit de composer des personnages. Et si j’ai les grandes lignes en tête en démarrant, ils s’affinent et leurs personnalités se précisent avec le temps. Je dirais que comme des statues d’argiles, ils sont faits de plusieurs éléments : De terre et d’eau, de souvenirs et de lectures. 

 

Quels souvenirs gardez-vous du tout premier livre que vous avez écrit ?  

 

Je me souviens d’un grand vertige ! “Des poignards dans les sourires” raconte la mort d’un homme dès ses premières lignes. C’est brutal, organique, malaisant, effrayant. C’est à peu près tout ce que j’ai ressenti en l’écrivant et c’est justement ce qui m’a tant plu. La capacité qu’a l’écriture de vous amener loin de votre état ordinaire est quelque chose de très mystérieux. J’aime beaucoup cet état parce qu’il est assez libérateur. On explore d’autres esprits, d’autres corps et ce voyage est passionnant.  

 

Un livre à 4 mains ça se tente ou pas ? Si oui avec qui ?  

 

Je me verrais mal écrire un roman à quatre mains. Je pense que c’est une expérience beaucoup trop personnelle que je n’ai envie de partager avec personne. Je souhaite garder une immense liberté quand j’écris et faire le moins de concessions possibles ! 

Par contre, j’adorerais tenter l’expérience du scenario et j’en parle parfois avec Chrystel Duchamp et Céline Denjean. Nous verrons si les étoiles s’alignent pour ce genre de projet ! 

 

Avec tous les livres que vous avez écrit lequel est le plus abouti ?  

 

Je pose un regard doux sur chacun d’eux car je sais qu’ils m’ont tous donné du fil à retordre et m’ont poussé à relever des défis. Je les aime tous sincèrement comme mes enfants. Toutefois, dans cette série, “La petite ritournelle de l’horreur” est celui qui m’a le plus secouée et tourmentée parce qu’il m’a obligée à aller sur un terrain sur lequel j’avais toujours refusé d’aller en tant que journaliste. On y parle d’enfants placés qui ont disparu de leur famille d’accueil et dont l’absence n’a alerté personne. Je m’étais pourtant jurée de ne pas traiter de crimes d’enfants mais cette histoire s’est imposée et j’en suis très heureuse. 

 

Quel est l’élément déclencheur qui vous a donné l’envie d’écrire ?  

 

En 2017, il y a eu une remise en question professionnelle et j’ai ressenti un grand besoin de changement . Je sortais de la réalisation d’un documentaire télévisé fabriqué dans des conditions aussi absurdes que difficiles et je souhaitais m’engager dans un projet que je pourrais maîtriser du début jusqu’à la fin du processus créatif. J’ai alors pensé que raconter une histoire de fiction pouvait m’apporter un nouvel élan et c’est ce qui s’est passé. 

 

Qu’est-ce qui vous inspire pour l’écriture d’un thriller ?  

   

Tout est inspirant ! Les auteurs sont des éponges ! J’ai toujours eu un certain sens de l’observation qui jusqu’ici ne me servait pas à grand-chose. Aujourd’hui, je prends mentalement des notes dans l’attitude d’un individu dans la rue, dans une dispute de couple dans le métro, dans les récits du passé d’une personne âgée... Mes lectures de la presse et de la littérature blanche ou noire jouent bien sûr un grand rôle. Il y a aussi mes longues randonnées en famille qui m’inspirent beaucoup car chez moi, le décor a toujours une place essentielle. 

 

Vos 3 auteurs préférés … 

 

Arnaldur Indridason, Dennis Lehane, Paul Auster. 

 

Le dernier livre que vous avez lu c’était de qui ?  

 

Le Festival Quais du polar à Lyon a mis le polar espagnol à l’honneur cette année et j’ai eu envie de découvrir « La reine rouge » de Juan Gomez Jurado (Pocket ) dont on m’avait dit le plus grand bien. Je passe un excellent moment. Non seulement l’intrigue est intéressante mais les personnages sont particulièrement attachants. Il y a quelques touches d’humour aussi auxquels je ne suis pas insensible ! Vu que je termine un nouveau manuscrit, ce roman est parfait pour m’offrir une bouffée d’air frais et me transporter en Espagne qui est un pays auquel je suis très attachée. Le polar espagnol est très dynamique et il m’attire beaucoup.  

 

La recette du bonheur se trouve ici ou ailleurs ?  

 

L’imaginer ailleurs, c’est se condamner à souffrir d’une certaine manière. Pour moi, il est ici. Je le trouve dans les moments que je passe auprès des mien, et dans les échanges joyeux et lumineux que j’ai de plus en plus souvent avec les lecteurs en salon. 

 

Cécile, je vous laisse le mot de la fin  

 

On me demande souvent pourquoi je suis si attirée par le faits divers et le drame. Ce n’est pas l’expression d’un attrait pour le mort mais plutôt celle d’une passion pour l’humain et sa complexité. Quand survient le crime, les personnalités se révèlent, les masques tombent et on touche à la vérité. C’est ce qui m’intéresse lorsque je compose mes histoires. J’essaie de fouiller dans les cerveaux et les cœurs de mes personnages jusqu’à ce qu’ils me livrent un petit morceau de leur vérité. À la fin, j’ai de l’empathie pour chacun d’eux et j’ai le sentiment de mieux appréhender le monde dans lequel je vis. 

 

Merci Cécile et belle continuation littéraire  

Partager: