
Cécile Cabanac et son nouveau thriller "A pleurer tout nous condamne"
Bonjour Cécile, bonne année, parlez-nous de votre nouveau thriller, son histoire,
Bonne année également ! Une fois n’est pas coutume, mon dernier livre « À pleurer tout nous condamne » est moins un thriller qu’un roman noir. L’atmosphère y est essentielle et le décor qui se situe dans une vallée sauvage du Pays Basque joue vraiment le rôle d’un personnage que l’on doit apprendre à apprivoiser. J’ai donc voulu installer un rythme différent par rapport à mes ouvrages précédents.
Pour résumer l’histoire, Alice est une jeune attachée parlementaire qui vient de subir un burn-out et qui décide de se mettre au vert dans la maison familiale située à St Just Ibarre, un petit village isolé du Pays Basque. Mais une fois installée là-bas, tout le monde va lui parler de sa tante Diane qui a disparu dans de très étranges circonstances vingt ans plus tôt. L’enquête de gendarmerie n’a jamais abouti et sa propre famille a depuis longtemps jeté un voile sur ce drame. Alice va donc se lancer dans des recherches malgré de fortes oppositions au village et dans sa propre famille mais ses découvertes vont faire vaciller son monde…
Quelle a été la source d’inspiration pour ce thriller-là ?
Le point de départ a été un décor. Une ambiance déclenche souvent une foule d’idées chez moi et c’est en randonnant en famille dans les Arbailles, cette zone géographique où se déroule mon intrigue, que j’ai immédiatement pensé à une disparition non élucidée. Je souhaitais depuis longtemps écrire sur un cold case et tout m’a semblé évident à ce moment-là. Cette vallée des Arbailles est sublime. Lorsqu’elle est caressée par le soleil, elle est pleine de rondeurs et de couleurs vives mais au crépuscule, il y a une forme de dureté et d’étrangeté qui apparaîssent et qui m’ont beaucoup inspirée.
Votre imagination est débordante et presque admirable, trouver à chaque fois un sujet différent pour vos thrillers. C’est plus difficile avec tous vos livres à votre actif de trouver cette imagination ou pas ?
Je dirais que le plus difficile, ce n’est pas d’avoir l’idée mais de trouver un angle original pour la traiter. Au fond, tout a déjà été écrit et ce qui compte finalement, c’est le point de vue. Quel regard on porte sur un sujet ? Comme c’est justement cette subjectivité qui me passionne, je m’offre souvent le luxe d’avoir plusieurs narrateurs. Ils ont leur vécu, leurs passions, leurs obsessions et ça rend leur analyse des évènements toujours très singulière. J’écris pour m’extraire de moi-même et découvrir d’autres peaux, d’autres cerveaux, le plus difficile est de trouver une forme de justesse dans des ressentis très différents des miens.
Quelles seront vos influences littéraires cette année ?
Mes influences sont et ont toujours été très variées. J’ai besoin de passer d’un polar à un roman de blanche ou de science-fiction pour garder une forme de surprise à la lecture. J’aime la littérature « généreuse », celle qui offre de vraies histoires de pure fiction avec des personnages forts. Je suis aussi férue de cinéma et de séries que je consomme en grande quantité et beaucoup de créations récentes m’ont marquée.
Votre livre de chevet actuel ?
« Où reposent nos ombres » de Sébastien Vidal. Un roman noir magnifiquement écrit que je savoure comme un bon vin.
Votre plus beau souvenir littéraire de 2024, c’était lequel ?
J’ai découvert assez tardivement Mo Hayder et Tokyo est une lecture récente qui m’a énormément plu. Mais je crois que l’ouvrage qui m’a le plus touchée est « l’année de la pensée magique » de Joan Didion parce qu’il touche à un sujet très sensible qui est la mort des proches. Comment poursuivre son chemin amputé de ce que l’on a de plus cher ? Comment ne pas se laisser envahir du souvenir et garder une place pour le présent dans son existence ? C’est un sujet difficile qui m’interroge.
A quoi va ressembler le futur thriller de Cécile Cabanac ?
Il sera poisseux et terriblement noir. Il y sera question du désir fou d’être aimé qui peut conduire à la folie et à la cruauté. Il sortira en octobre prochain aux éditions Michel Lafon que je suis ravie de rejoindre.
Comment voyez-vous évoluer la littérature dans les années à venir ?
Nous avons la chance d’avoir une offre littéraire très variée en Europe. Je croise beaucoup d’auteurs étrangers en salon qui me parlent de la vitalité de notre littérature et il faut sauvegarder ce modèle qui permet à chaque lecteur de trouver son bonheur.
Dans le futur, j’aimerais que les livres numériques proposent des expériences plus immersives aux lecteurs pour attirer un nouveau public car il faut attirer les jeunes ! On pourrait ajouter aux textes des musiques, des mini vidéos et créer un contenu complètement original. Je pense que la littérature a tout à gagner à s’associer aux autres formes d’art pour ouvrir les esprits et leur offrir de nouvelles expériences.
Si vous deviez définir «A pleurer tout nous condamne» en 3 mots ?
Famille, Déni, Trauma.
Vous en 1 mot ?
Éponge.
Je m’explique : J’absorbe beaucoup de choses de façon semi-consciente dont je me sers ensuite dans l’écriture de mes romans. Tout est source d’inspiration. La démarche de quelqu’un dans la rue, des bribes de conversations entendues au supermarché, un paysage, une lecture ou une musique... Bref, comme les éponges, j’emmagasine pas mal de choses que je livre ensuite à ma manière.
Merci Cécile et belle continuation littéraire
Merci à vous pour votre curiosité !