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Coline de Senarclens

Bonjour Coline comment allez-vous ?

 

Pas trop mal, retour au travail après un week-end prolongé, entrecoupé d’un passage à la RTS dimanche.

 

Vous en 4 mots …

Féministe, entreprenante, créative et amoureuse.

 

Parlez-nous de votre livre « Salope »

 

Il s’agit d’un essai sur la stigmatisation, le Slutshaming, d’une petite centaine de pages, illustré par Aloys, qui présente de manière concise et coup de poing les enjeux liés à la sexualité des femmes et au système de réputation. C’est un livre facile à lire, qui peut en mettre plein la tronche et faire un peu d’air frais à celles et ceux qui en ont besoin. Le but, finalement, c’est de s’émanciper.

 

Un mot sur cette « Marche Des salopes », pourquoi y avoir participé ?

 

J’y ai participé mais je l’ai aussi co-fondée. Quand j’ai entendu que des femmes avaient lancé ce mouvement au Canada après qu’un flic aie dit dans un campus « pour éviter de vous faire violer ne vous habillez pas comme des salopes » j’ai trouvé ça d’un bon sens hallucinant. Retourner la dynamique de culpabilité, rappeler que ce sont les violeurs qui violent et personne d’autre, permettre aux femmes qui ont subi des violences d’utiliser leur vécu de manière « positive », changer le discours à propos du viol, tout y était. Mais il faut bosser et ramer à contre-courant pour avoir des résultats. On entend encore tellement souvent que les femmes cherchent à se faire violer…

 

Quel est votre combat aujourd’hui ?

 

J’en ai pas qu’un et il n’est pas à moi…En résumé je dirais que je me bats contre les privilèges des dominants. Qu’on parle de violences sexistes à des mecs qui rétorquent soit que les hommes aussi se font violer, soit qu’on est agressive et qu’ils se sentent blessés dans leur petit égo de mâle, ça va pas. Déjà, faut qu’on s’approprie tout un champ de légitimité (de parler, de baiser, de bosser, de gueuler, de se balader, d’être fâchée contre le système de violence qu’on subit). Et il faudrait que les mecs se rendent compte de la place qu’ils occupent en tant que groupe et des privilèges dont ils bénéficient. C’est pareil pour les blanches et les hétéros, donc c’est pareil pour moi. On a du boulot.

 

 

Le livre qui vous a le plus marqué dans votre enfance …

 

Ce sont les livres pour enfants de Pennac qui m’ont permis de passer à travers une enfance ou j’avais le sentiment que les personnes qui m’entouraient ne comprenaient pas grand-chose à ce qui se passait en moi. Pennac a été un des rares adultes dont je me sentais comprise, à travers ses personnages.

 

 

L’élément déclencheur qui vous a donné envie d’écrire …

 

Impossible de répondre. J’ai toujours écris. Mais pendant longtemps, l’école m’a convaincue que j’étais mauvaise et que l’écriture n’était pas pour moi. On blesse les enfants en les convainquant qu’ils sont des imbéciles parce qu’ils refusent de se plier aux normes scolaires et grammaticales, quelle connerie. Puis j’ai rendu un mémoire de Bachelor qu’on a qualifié de « bien écrit » et ça a débloqué beaucoup de choses.

 

 

L’écrivain ou l’élément qui vous inspire pour écrire des livres

 

L’amour et la colère sont mes moteurs principaux. Mais il faut de la maturité pour écrire sur l’amour, alors aujourd’hui c’est plutôt des coups de gueule que j’écris. La colère est une émotion saine quand on vit des injustices. Elle est source de créativité et elle permet de remettre en question les trucs qui ne jouent pas dans notre société. On devrait la réhabiliter.

 

 

Dans tous les livres que vous avez écrits, lequel selon vous est le plus réussi ? Celui dont vous êtes le plus fier ?

 

J’ai écrit qu’un livre, et même si j’en suis fière, je préfère certains textes plus littéraires que j’ai publié sur mon blog. Un s’appelle « Rien qu’une histoire d’amour » et je l’adore : http://sansdeclinersnarclens.tumblr.com/post/146158334983/rien-quune-histoire-damour

 

La valeur sûre au niveau littéraire actuellement

 

Rien n’est sûr. Moi je lis des vieux trucs en ce moment. Le monstrueux « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen (qui pour le coup parle d’amour avec une maturité hallucinante), des classiques italien, genre Sciascia et Buzzati, Jean Genet et son condamné mort…

 

Le livre que vous avez détesté lire pendant votre adolescence

 

J’avoue que j’ai eu du mal à lire scolairement les Fleurs du mal de Baudelaire. Mais encore une fois, traverser cette œuvre d’un coup, pour les besoins d’un cours, c’est un non-sens poétique. Des poèmes, ça se savourent, comme des petits chocolats, si on vous oblige à vous envoyer la boite d’une traite, ça peut devenir écœurant.

 

L’écrivain que vous rêvez de rencontrer

 

Monsieur Pennac, pour le remercier. Aujourd’hui je prends la mesure du bien que ça m’a fait de le lire étant gamine. C’est un peu grâce à lui si j’ai continué à garder confiance en moi malgré mes résultats scolaires catastrophiques et les adultes autour qui me traitaient comme une demeurée.

 

Michel Bussi, Harlan Coben, ou Marcel Pagnol ?

 

J’ai lu aucun des trois. Mais si on me demande Maupassant, Colette ou Stieg Larsson, je propose un ménage à quatre.

 

Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?

 

De la créativité. Et de trouver l’équilibre entre mes rêves et mes réalités.

 

Merci beaucoup Coline d’avoir répondu à mes questions et belle continuation.

 

Crédit photo : Coline De Senarclens 

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