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« Enigme Rimbaud » le nouveau livre de Pier Paolo Corciulo

Bonjour Pier Paolo Corciulo comment allez-vous ?

Pier Paolo Corciulo : Bonjour Stéfanie, je vais bien merci !

Premier livre à votre actif, alors heureux ?

Très heureux de vous présenter « Enigme Rimbaud ».

Parlez-nous de cet ouvrage, comment est née l’inspiration, qui sont les personnages ?

« Enigme Rimbaud » est un polar où le personnage principal, Lucien, est un professeur retraité de littérature, passionné par l’œuvre d’Arthur Rimbaud. Il devra faire équipe avec sa fille Ariane, une jeune commissaire tourmentée autant que lui, pour démasquer le tueur en série qui sévit dans leur ville et qui met en scène certains poèmes de Rimbaud lors de l’exécution de ses victimes.

Passionné de poésie depuis toujours, j’ai voulu écrire un thriller ayant comme thème Rimbaud, mêler la poésie aux ficelles du polar, deux genres littéraires apparemment très éloignés l’un de l’autre. Cette idée me trottait dans la tête depuis plusieurs années sans pouvoir écrire une seule phrase. J’avais commencé l’ébauche d’un scénario il y a longtemps, j’étais parti plutôt sur l’idée d’un film que j’ai vite laissé de côté. Puis, un jour de juillet chaud, lors d’une promenade le long d’un champ de maïs, j’ai eu le déclic. La première phrase, la première vision. A partir de là, tout s’est enchaîné rapidement.

Le personnage principal m’a été inspiré par Fabrice Luchini, un comédien que j’admire.

Qu’est-ce qui vous attire dans cet univers littéraire ?

C’est sans doute l’aspect visuel et l’action. Je me souviens du jour où je suis allé voir « Seven » au cinéma. Après la projection, il m’a fallu une bonne heure pour reprendre mes esprits, tant j’avais été troublé par certaines scènes et séduit par l’ambiance et l’image. D’ailleurs mon personnage, Lucien, dit à un moment : l’horreur peut amener à une forme d’esthétisme. Son interlocuteur lui répond à juste titre (ou pas) : vous devriez arrêter l’alcool !

Je n’écris pas seulement des thrillers (même si le suivant en sera un aussi), d’ailleurs j’en lis peu.

Votre livre est passionnant vraiment. J’ai eu beaucoup de plaisir à le lire. C’est quoi votre truc pour attirer le lecteur jusqu’à la fin ?

Tout d’abord merci !J’écris une histoire, celle que je voudrais avoir entre mes mains en tant que lecteur. A part ça, je ne saurais dire. Je vous fais un aveu : j’accorde plus d’importance au style et au rythme qu’à l’histoire. Je sais que j’ai encore beaucoup de travail de ce point de vue mais, tant mieux, c’est très enrichissant et inspirant de travailler sur la langue. Depuis Shakespeare, c’est difficile d’inventer une histoire originale, il a pratiquement tout écrit (l’amour, la vengeance, le doute, le rire, la haine, le courage, la lâcheté…). Alors, la question que je me pose ce n’est pas « quelle histoire raconter ? » mais plutôt « sous quel angle, comment l’écrire ? ».Le travail avec « ilirédition », ma maison d’édition, a été précieux. A l’intérieur du livre, vous trouvez des QR codes qui vous renvoient à des photos, des extraits de texte récités ou encore des musiques en lien avec des passages du roman. C’est l’originalité d’ilirédition que de nombreux lecteurs ont également appréciée. L’équipe a été à l’écoute et a peu modifié (voire pas du tout) le manuscrit initial d’Enigme Rimbaud. Chaque échange a été pertinent et productif. Mon éditeur a créé une bande-annonce que vous pouvez télécharger sur la quatrième de couverture. Et je trouve la couverture très réussie.

Entre écrire des chansons et écrire un livre, il n’y a qu’un pas ou c’est un peu différent ?

Le processus me semble différent. A mon avis, la chanson est un état d’âme, une photographie, une pensée qui doit tenir sur trois minutes. Lorsque j’écris un texte pour une chanson, je le fais d’instinct en m’imposant des couplets, un refrain et des rimes. Lorsque j’écris un roman, je ne m’impose aucun format et évidemment c’est un processus qui me prend plus de temps. Le point commun, c’est peut-être de trouver une certaine « musicalité » dans les phrases. Quand un lecteur me dit que mon style est fluide, je le remercie infiniment, ceci signifie peut-être que j’ai trouvé cette musicalité que je cherche à créer.

On connaît le syndrome de la page blanche ou pas ?

J’ai connu ce syndrome là avant l’écriture d’Enigme Rimbaud.

Ce roman a été écrit entre fin juillet 2018 et début janvier 2019. Je me souviens de certains jours, pendant les vacances d’été et d’hiver surtout, où les pages défilaient en avalanche, chose qui m’arrivait rarement avant. Depuis, je n’arrête pas d’écrire. C’est comme un brèche qui s’est ouverte… Puisse-t-elle ne jamais se refermer.

Est-ce que l’histoire que vous offrez aux lecteurs est purement fictive ou elle est inspirée de faits réels ?

L’histoire, l’intrigue sont purement fictives. Néanmoins, afin de rendre mes personnages plus humains, j’essaie de les mettre dans des situations de la vie quotidienne, avec leurs interrogations, leurs doutes, leurs certitudes. Une sorte de Monsieur et Madame Tout le monde.

Le meilleur endroit pour trouver l’inspiration

Partout. Sur une terrasse, dans un café, au détour d’une conversation, à la maison, dans un train, lors d’une promenade loin de tout, le soir, la nuit… Ce ne sont pas les endroits qui me manquent mais le temps !

Fiction ou réalité ?

Fiction, encore et toujours ! Même si pour moi la fiction s’appuie parfois sur une forme de réalité. Quoi de mieux que la fiction pour exprimer des sentiments, des émotions… Il n’y a rien de plus vrai et subjectif que la fiction et de plus faux et éphémère que la réalité ! Enfin bon… je me comprends (rires).

Le prochain sujet de votre futur livre.

Il s’agit d’un polar, publié aussi chez ilirédition, plus sombre que celui-ci, plus profond à certains égards, qui se situe dans ma ville à Neuchâtel et en partie à Londres, mais je ne vous en dirai pas plus ! Si dans Enigme Rimbaud j’ai l’impression d’accompagner le lecteur dans les ténèbres, page après page, pour le prochain, le lecteur sera livré à lui-même ! Le fil conducteur est la folie. Mon éditeur semble plutôt emballé par ce roman et a plusieurs idées…

Noir ou blanc ?

Gris, pensez-vous !

Vos influences littéraires

Je me répète souvent lorsqu’on me pose cette question mais je ne peux faire autrement. Mes influences viennent des auteurs américains : Steinbeck, Carver, King, Hemingway, Fante, Bukowski… Les trois derniers m’ont appris à aller droit à l’essentiel et à éviter le lyrisme excessif. Quelques lecteurs m’ont comparé à Guillaume Musso, pour certains c’est fortement dépréciatif parce que la littérature française a un lourd héritage (Molière, Hugo, Zola…) et inévitablement on en arrive à la remarque « Oh ce n’est pas du Flaubert ce que tu fais… ». Pour moi, être comparé à Musso c’est un compliment.

D’ailleurs, donner comme lecture à des lycéens de 15-17ans « Le rouge et le noir » ou « Madame Bovary » peut se révéler dangereux. Ça peut en dégoûter plus d’un(e) !

J’ai aussi des influences plus proches de nous : Robert Walser, Olivier Adam dont « Chanson de la ville silencieuse » est une pure merveille, Jean D’Ormesson et Philippe Djian. Comment ne pas apprécier les romans de ce dernier, lui qui a écrit les plus beaux textes pour Stephan Eicher !

A quel âge avez-vous écrit votre première lettre d’amour ?

Ouh la !... Je ne m’en souviens plus, 14-15 ans. C’étaient des poèmes. Ce dont je me souviens, c’est d’avoir probablement piqué des vers à Goldman !

Votre livre du moment

« Mon chien stupide » de John Fante.

 Celui que vous pourriez lire une énième fois

« Des souris et des hommes » de John Steinbeck, « Ardoise » de Philippe Djian et « Histoire de la philosophie » bordas éditions.

2 grands rêves à réaliser en 2020 …

Qu’Enigme Rimbaud poursuive son chemin comme il est bien parti à sa sortie et puis la publication de mon deuxième roman.

Je vous propose d’écrire une biographie, ce serait celle de qui ?

Celle de mon oncle Sigfrido, un grand orateur et artiste. J’ai l’impression qu’il a vécu mille vies.

Un conseil à donner aux futurs écrivains ?

Oh non, je n’ai pas de conseils à donner si ce n’est peut-être « écrivez sans vous autocensurer ».

Un grand merci pour cette interview Pier Paolo Corciulo, je vous laisse le mot de la fin

Je préfère le mot du début… (rires) ou alors une citation de Rimbaud : « La vie est la farce à mener par tous. » tiré d’Une saison en enfer.

Vous trouverez Enigme Rimbaud chez Payot (Neuchâtel) ou sur leur site en ligne ou sur www.iliredition.com .

 Merci et belle continuation

Merci Stéfanie. Bonne suite à vous.

 

Crédit photo : Ilir Xheladini

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