Entretien avec Michaël Perruchoud auteur de La fin du week-end
● Quelle a été l'étincelle ou l'idée initiale qui a fait naître ce livre, et quelles sont les principales thématiques que vous avez souhaité explorer et partager avec vos lecteurs ?
Les idées de polar, les petites enquêtes à résoudre, ça me vient parfois, comme une sale manie qui me détourne de mon travail habituel. Mais il me manquait un personnage. Lorsque j’ai eu l’idée d’un flic à son corps défendant, qui bosse là de manière accidentelle mais qui n’est ni belliqueux ni animé par une volonté de justice, je me suis dit que je tenais le début de quelque chose.
● Votre style est souvent décrit comme ayant une voix libre, grave et profonde. Comment travaillez-vous la musicalité et le rythme de vos phrases pour maintenir à la fois le suspense ou le souffle épique ?
Le rythme des phrases, c’est l’histoire qui décide, ce sont mes personnages qui parlent à travers moi. Dans un roman policier, on a tendance à la phrase courte, à la description brève, à gros traits, aux mots qui sentent, qui troublent… Il doit venir instinctivement à partir du moment où l’on se sent bien dans l’histoire qu’on raconte. Le lien entre la tonalité, la musique du récit et son contexte, c’est effectivement un sujet.
● Le roman met en scène des personnages complexes. Quel aspect de la nature humaine ou de la psychologie de ces personnages a été le plus difficile ou le plus fascinant à développer ?
Pour réussir un personnage, je crois qu’il faut prendre le temps de le connaître, l’emmener sur des terres où le roman ne se jouera pas pour mieux comprendre ses réactions. Quand on se sent bien en sa compagnie, qu’on a envie d’aller boire un verre avec lui, il a vraiment pris vie. C’est cette petite magie qui est difficile à prévoir, l’instant où l’imaginaire prend place dans le réel, que l’histoire née dans un coin de votre tête se poursuit en trois dimensions.
● Qu'il s'agisse de la Suisse romande ou d'un autre lieu, le lieu semble jouer un rôle important dans vos récits. Dans quelle mesure la géographie ou le contexte historique/social influence-t-il la construction de votre intrigue ?
J’adore la géographie et l’histoire, le où et le quand comptent pour moi. Et il est vrai que je peux partir sur des terres épiques, dont le nom résonne à l’oreille comme faire jaillir une histoire dans le quartier où j’a grandi. Dans le cas de Jocelyn Mervelet, j’ai eu besoin de le faire vivre dans des rues que j’avais arpenté mille fois, je le voulais routinier et quotidien.
● Si le lecteur ne devait retenir qu'une seule idée ou une seule émotion après avoir terminé votre livre, quelle serait-elle, et qu'espérez-vous que ce roman apporte de plus à votre œuvre générale ?
J’ai dit qu’il s’agissait d’un polar en pantoufles. J’espère que, au-delà du suspens, il procure une quiétude qui est assez rare dans mon travail. Pour l’œuvre en général, elle progresse en pièces détachées, dans des directions et des styles différents, même si, dans ma tête, la cohérence générale est assez claire.