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Ice Cream Men

Salut à tous comment ça va ?

Comme après un hiver à Genève, le Blues quoi !(rires)

Tout d’abord qui êtes-vous 

Nous sommes le groupe Ice Cream Men. Un trio blues-rock basé à Geneve. A Vernier, pour être exact. Nous existons depuis mars 2016, et avons commencé à nous produire sur scène en mai 2016.

Qui est qui et qui fait quoi ?

Je suis Sam, je joue de la guitare et je chante. Il y a aussi Yann, qui chante et joue de la basse. Puis il y a Nicholas, il joue la batterie. 

Pourquoi ce nom de scène ?

Ice Cream Men est le pluriel de "Ice Cream man". C'est un classique de blues qui date de la fabuleuse période Chess Records, mais sa version la plus connue est celle du groupe Van Halen, sortie sur leur 1er album en 1978. 

C'est un morceau un peu ambiguë, dont le refrain dit en gros:"je suis ton vendeur de glace baby, arrête moi quand je passe dans ta rue. J'ai de toute façon une saveur qui te donnera satisfaction". 

La musique est en vous depuis tout petits ou c’est venu pas à pas ?

Je peux me tromper, mais je ne pense pas qu'un vrai musicien puisse sentir venir le truc un beau matin, surtout à un stade avancé de sa vie. C'est quelque chose qui a toujours été là. Le moment où il a l'opportunité du passage à l'acte peut varier, mais la musique a très certainement toujours résonné en lui. 

Pourquoi ce domaine là précisément et pas un autre ?

 J’ai l’impression que l’art, c’est un peu comme les chats. C’est plutôt eux qui te choisissent, et non le contraire. Dans mon cas, j’ai toujours eu un rapport viscéral à la musique. J’ y entends des choses qui me provoquent des sensations très fortes. Quand parfois je tente de partager ces sensations, écoute à l’appui, je constate souvent que ça n’a pas du tout le même impact chez l’autre auditeur. Et dans un autre domaine, je suis capable de littéralement traverser une expo de peinture en visant le bar, alors que d’autres vont rester planté devant une oeuvre, à vivre une multitude d’émotions.

Et aussi loin que je me souvienne, les guitares m’ont toujours « appelé » comme peuvent le faire les sirènes dans la mythologie. Elles le font toujours d’ailleurs (rires).

Quelles sont vos influences, vos modèles ?

Cream !!! Indiscutablement, pour ce projet Ice Cream Men, c’est Cream qui m’a influencé. Tant pour l’impulsion de le monter, que pour les orientations artistiques. 

L’idée de base étant d’avoir un set avec des chansons simples et efficaces à écouter, agrémentée, ici et là, de plages totalement libres dédiées à l’improvisation. Quand j’ai proposé ce projet à Yann et Pascal (notre premier batteur), il n’y avait que cette référence-là, d’ailleurs (rires). Un trio, dans l’esprit de Cream. Pascal, qui vient du blues, connaissait très bien. Il me semble que Yann, qui vient plutôt du monde grunge, a découvert Cream avec le lien Youtube au Royal Albert Hall en 2005, que je lui ai envoyé à cette époque (rires). Notre nouveau batteur Nicholas, vient plus de la musique actuelle. Ces formations, qu’elles soient pop, metal, ou ce que tu veux, qui à l’âge de 23 ans, jouent bien mieux que nous ne le ferons jamais (rires). Ca doit être cela, l’évolution…

C’est d’ailleurs un excellent moyen d’illustrer le propos de la question précédente. Quand je revoie le BluRay de Cream au Royal Albert Hall en 2005, je suis en orbite total. Chaque note, chaque coup de baguette résonne chez moi comme un élément magique qui constitue un puzzle musical parfait. Alors que certains potes qui le voient tourner chez moi vont me lâcher quelque chose comme: « c’est sympa de voir Clapton en trio… ».

Une anecdote scénique à nous raconter ?

En juin 2016, nous avons été invité à jouer pour un projet de musique itinérante, sur le modèle de ce qui se faisait dans la culture rock des années 60-70, avec les Rolling Stones, par exemple.

Un groupe de gars super ont donc mis en place « le Kamion ». Nous avons donc joué à 2 endroits différents dans la journée. Le soir, nous étions stationné à Vesenaz, et il pleuvinait. Vers 22h, c’était notre tour, et il s’est mis à pleuvoir vraiment fortement. Une bâche de sponsor a été décrochée pour recouvrir les pédales et les moniteurs, et puis nous avons joué.

L’anecdote, c’est que pendant une de ces phases d’impro, comme il y en a dans notre set, avec ce cadre si particulier, nous sommes parti très fort et très loin les 3 ensemble. Une vraie « montée » transcendantale telle qu’on peut en vivre avec la musique. A la sortie de cette phase d’impro, au moment de continuer la chanson, je me suis tourné à nouveau vers le public. Et là, j’ai vu le public en train de se faire rincer, les yeux écarquillés, qui étaient tous connectés à ce moment.

Nous en étions peut-être à notre 5-6 ème concert ensemble, et à ce moment-là, je me suis dit: « on est sur la bonne voie ». 

Avec tous les artistes qui essaient de se faire reconnaître, comment vous vous essayez de le faire ?

Nous avons une ambition plus artistique que commerciale, alors c’est difficile de répondre à cette question. Notre but, est de nous élever artistiquement. Le but ultime serait d’arriver au point de faire une musique uniquement sincère, dénuée de tout élément inutile. Je crois que nous sommes reconnus par nos « camarades » musiciens. Ils nous renvoient le feed-back quant au fait qu’ils ont été touchés par ce que nous avons proposé le plus sincèrement du monde pendant les concerts.

Nous sommes encore un jeune groupe, tout reste à faire pour être reconnu par tous les autres… Mais on y travaille, très dur. D’ailleurs, un des moyens pour y parvenir est l’album que nous sommes en train de finaliser. Nous avons initié une campagne de financement collectif via WeMakeIt pour le terminer. J’espère que tes lecteurs s’impliqueront en nous lisant.

Pour l’instant, nous avons surtout joué dans le bassin lémanique, et allons continuer de le faire avec la même envie en 2017. Nous utilisons essentiellement les réseaux sociaux et le contact humain pour faire la promotion de nos concerts. Les dates déjà connues pour la sortie de l’album sont sur le Facebook du groupe.

Par contre, nous allons aussi saisir l’opportunité d’élargir le rayon de nos concerts. Nous sommes prévu à Lyon en juin, et en juillet, nous partons en tournée avec nos amis du groupe AVO, en République Tchèque et Slovaquie.

Si je vous dis festival vous me dites ?

Diversité et rencontres. Nous avons joué dans plusieurs festivals en 2016. On y a rencontré et écouté toutes sortes d’artistes. Ce sont vraiment de super cadres de rencontres et de partages artistiques et humains. 

La musique c’était mieux avant. Vrai ou faux ?

C’est valable pour tout non ?(rires). Sérieusement, tout dépend de quoi on parle. Si on parle du contexte commercial de la musique, je ne sais pas si c’est mieux ou pire. Je suis personnellement abonné à Apple Music. J’aime avoir accès à toute cette musique, et je ne m’en prive pas. A côté de ça, avec un autre projet, nous avons sorti 3 albums, et péniblement vendu mille et quelques pièces. Donc, en tant qu’utilisateur, je trouve que c’est mieux. En tant qu’artiste « indépendant », je trouve que c’est pire.

Si on parle du paysage musical, de musique, pareil. Si on prend en référence ce qui est proposé par la grande distribution télé, radio, etc, alors on peut observer que la qualité artistique est bien moins bonne que par le passé. Mais si on parle du reste, pour ma part, j’observe que la qualité est supérieure. La technologie de production musicale accessible à tous y est sûrement pour beaucoup.

Rock, jazz ou musique classique ?

Personnellement, je peux être touché par tout ce qui est joué par un être humain. Attention j’ai dit « joué » pas « opéré ». Je peux rester scotché à écouter un artiste de rue qui joue de la flute de pan expérimentale, alors que tout ce qui est DJ, musique électronique, etc, me passe totalement à travers.

Plutôt scène ou studio ?

Les 2, ils ne vont pas l’un sans l’autre. En 2016, nous avons démarré ce projet. De part le registre musical, il était pertinent d’aller le murir sur scène d’abord. Ce que nous avons fait, en quelques 25 concerts entre mai et décembre. C’était une super période de créativité, de rencontres et de connexions.

Puis, après le dernier concert en décembre, nous sommes directement passé à l’enregistrement. Nous avions l’envie de capturer cet instant aussi fraichement que possible. Mais… 

Ce qui fonctionnait plutôt bien sur scène, n’a pas trouvé son espace en studio. Il a donc fallu définir d’un nouveau cadre, afin de ne pas proposer un résultat sonore qui flirte avec le « désordre sans intérêt ». Nous ne sommes pas parvenu à nous retrouver avec Pascal, alors notre batteur, dans ce nouveau cadre.

Nous avons alors fait appel au Dr. Simon Singovski, avec qui je joue dans un autre groupe. C’est un musicien d’exception, avec qui, il a été très aisé de se retrouver dans ce cadre précis imposé par l’exercice du studio. Nous avons eu de la chance dans notre malheur, il a tout enregistré en 2 jours et demi, pile dans un des rares creux de son emploi du temps très chargé.

Et puis, le cycle continue. Entre temps, nous avons fait la rencontre de Nicholas pour reprendre le rôle de manière permanente. Prochaine étape, retour sur la scène, mais avec une orientation plus « claire » que lors des concerts de 2016. Etant donné qu’il y a cet album à promouvoir. 

Un nouvel album, muri avec un batteur, enregistré avec un deuxième, que nous défendrons avec un troisième. L’idée étant d’être un ensemble avec Nicholas pour l’avenir, qu’il devienne un Ice Cream Man à son tour, et c’est bien parti.

A quoi doit-on s’attendre en venant vous voir sur scène ?

A recevoir ce que l’on mérite !(rires). Sérieusement, un concert de Ice Cream Men dépend pleinement de l’interaction avec le public. C’est un groupe qui propose des chansons simples avec une réelle liberté laissée à la musique. Ca nécessite d’avoir un public ouvert à cette idée. Il faut être prêt à ouvrir ses oreilles et son esprit, c’est un élément indispensable. Quelqu’un qui sait prendre le temps, fermer les yeux, et laisser faire son esprit, sera surement pris dans l’échange avec le groupe. Par contre quelqu’un qui aime la musique formatée, aura plus de peine à y trouver « son parfum ».

Quelle est la recette du succès du groupe ?

Le travail. Plein de groupes ont du talent, mais seuls ceux qui travaillent de manière acharnée et exclusive ont du succès. Dans le Blues, il y a cette légende du pacte avec le diable, Robert Johnson, Crossroads et Cie. C’est une métaphore pour illustrer le fait qu’il faut renoncer à sa petite routine pour jouir du succès en tant que musicien. Tous les musiciens ne sont pas prêts à faire ce choix. C’est humain.

 

Une baguette magique qui vous permet de réaliser 3 vœux, ce serait lesquels ?

 

Le 1er serait de voir en un festival tous les artistes qu’on a pas pu voir en live, en majorité parce qu’ils sont décédés. Je pense bien sur à Cream, mais aussi à Zappa, Hendrix, Queen, Doors, et tellement d’autres.

Le 2ème, serait que les médias populaires aient une obligation de diffuser à part égale des musiques autres que ce qu’ils diffusent aujourd’hui. Pas pour que les artistes gagnent plus de fric, mais pour que certaines cultures ne meurent pas. 

J’ai vu Buddy Guy à Montreux en 2016. Pendant son set, il parle de sa crainte que le Blues disparaisse. Probablement à juste titre. Quel accès auront nos enfants à cette musique dans 10-15 ans ? Quand les quelques dernières légendes du genre auront disparu. Le blues n’est plus diffusé à la radio. Quand des artistes comme Buddy Guy ne viendront plus jouer à Montreux, que restera-t-il ?

Le 3ème, serait que la culture ne soit plus un produit de luxe. Je viens de voir que Clapton joue 3 soirs au Albert Hall en mai 2017. Quand tu vois le prix des billets… Je verrai surement ce concert en BluRay, et ça me désole. 

Le plus beau cadeau musical qu’on puisse vous faire ?

C’est déjà fait. La musique EST le cadeau. C’est un tel privilège d’avoir cette passion. Je vois à quel point les gens autour de moi se font vraiment chier dans leur vie, souvent parce qu’il n’ont pas de passion. 

 

Comme dirait un certain Patrick, on se dit rendez-vous dans 10 ans ?

10 ans ? j’aimerais que nous nous soyons approché d’un état d’élévation artistique tel, que nous ayons pu enregistrer un album LIVE ! Tu sais, à l’ancienne…

 

Merci à tous pour cette interview, je vous souhaite tout le bonheur du monde pour votre carrière musicale,

Merci à toi, et à tout bientôt à un concert de Ice Cream Men je l’espère.

 

Crédit photo : Sam 

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