
Interview politique avec Antonin Lederrey
Bonjour Antonin Lederrey comment allez-vous ?
Très bien, comme à mon habitude… De manière générale je vais souvent bien… Non pas que ma vie soit particulièrement plus belle qu’une autre mais car j’aime voir le positif en toute chose… Et des belles choses, de nos jours, il y en a une multitude, on l’oublie parfois…
Pouvez-vous nous décrire votre parcours professionnel ?
C’est un parcours atypique et dur à résumer en quelques lignes.
Je suis actuellement animateur socioculturel pour la région du Vully fribourgeois, engagé par la paroisse réformée de Môtier-Vully.
J’ai toujours su que je me dirigerais vers le travail social mais, en 2005, à ma sortie du collège (Saint-Michel à Fribourg), je voulais faire une pause dans mes études afin de me confronter au monde professionnel avec une expérience manuelle. Il était important pour moi de ne pas avoir une étiquette purement académique collée sur le front à la fin de mes études.
J’ai travaillé pendant 5 ans de manière saisonnière : l’été comme chauffeur poids-lourds pour la poste d’abord, puis dans l’évènementiel chez Cardinal ; et l’hiver en station (Grimentz) où j’ai travaillé à la fois sur les pistes et le soir dans un bar, passant de simple extra à responsable de l’établissement au fil des années. S’ajoute à cela une multitude de petits emplois allant de la menuiserie au déménagement en passant par le travail social et l’animation de camp. En parallèle, j’ai également suivi un bon nombre de formations dans divers domaines tel que jeunesse et sport ou en animation.
Ces expériences m’ont permis de côtoyer de nombreuses réalités très différentes et à chaque fois très enrichissantes.
En 2010, lorsqu’une place d’animateur jeunesse s’est libérée au Vully, j’ai postulé et j’ai été engagé en suivant la formation HES en emploi en parallèle. Depuis je m’épanouis dans ce travail en essayant de m’engager un maximum dans ce que je fais.
Pour reprendre les mots d’un collègue animateur qui m’est cher, je suis un « touche à tout, bon à rien », ce qui me va beaucoup mieux qu’«un touche à rien, bon à tout ».
Quel a été l’élément déclencheur qui vous a mené vers la politique ?
Je ne pense pas qu’il y a eu un élément déclencheur. J’ai toujours eu cette idée que nous sommes maître de notre destin et que si nous voulons vivre dans un monde qui nous plaît (pour ma part, un monde où chacun a une place et la possibilité de s’épanouir), c’est à chacun d’agir suivant ces capacités. J’ai toujours cherché à m’engager pour la société et je cherche toujours à donner du sens à mon action. La politique étant selon moi au service de la société, c’est normal que pour servir la société, je m’engage en politique.
Si vous n’étiez pas dans la politique vous seriez …
On ne peut pas « ne pas être dans la politique ». Toute personne agit politiquement au quotidien. « Ne pas s’intéresser à la politique » est déjà un acte politique et à partir du moment où quelques personnes se rassemblent et vivent en société, il y a des questions politiques qui se posent entre elles.
On dira que je détourne la question, mais cette notion de politique au sens large est très importante pour moi. Trop de gens ont l’impression que les affaires politiques concernent certains politiciens or je pense que si l’on veut parler de démocratie, la participation est primordiale et les élus ne sont que des représentant de tout un peuple qui participe politiquement.
Le parti politique avec lequel vous êtes en accord.
Si je me présente sur la liste socialiste, c’est bien parce que je me retrouve dans bon nombre de valeurs défendues par ce parti. Mais je n’aime pas les étiquettes et j’ai un peu de peine avec la politique partisane.
Si je me présente c’est parce que je pense être à l’écoute des gens qui m’entourent, des gens que je côtoie, des jeunes et moins jeunes avec qui je travaille et dont j’entends les revendications. Je pense pouvoir représenter un large public et travailler pour l’intérêt de tous indépendamment de tout parti.
Trop souvent la politique partisane divise alors que pour trouver des solutions et avancer, il faut travailler ensemble.
J’aime mieux conseiller aux gens de s’informer, d’aller sur smartvote.ch, de lire les journaux et de voter en connaissance de cause plutôt que de suivre aveuglément une liste (et si, après réflexion, leurs idées rejoignent celles défendues par le parti socialiste, c’est que ce dernier fait bien son travail et j’en serai heureux).
Est-ce que c’est facile de se faire une place en temps que femme dans le milieu politique ?
Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour répondre à cette question. Selon moi, cela ne devrait faire aucune différence mais force est de constaté que ce n’est hélas pas toujours le cas dans la pratique.
De manière générale, j’aimerais me battre pour que tout le monde ait accès à la politique, que ce soit les femmes ou les hommes, les jeunes ou les vieux, les étudiants ou les apprentis. La politique devrait être un espace participatif au sens large.
A votre avis, la première chose à changer au sein de Fribourg c’est quoi ?
En tant que candidat pour une première législature, je dirais que j’ai tout d’abord à me familiariser avec les rouages du Grand Conseil et apprendre à connaître les autres députés avant de vouloir changer quoi que ce soit.
Mais si je ne devais proposer qu’un changement, je dirais qu’il faudrait plus de dialogue entre les différents bords politiques. Une meilleure écoute et un travail en commun permettrait d’empoigner de la meilleure façon qui soit les différents problèmes auxquels sont confrontés les députés pour trouver des solutions durables qui ont du sens.
Quel est votre leitmotiv en politique ?
J'aime que l'on se pose les bonnes questions et que chacun prenne ses décisions en adéquation avec ses valeurs. Je rêve d'une politique qui ne soit pas partisane, où l'économie demeure un moyen plutôt qu'une fin, je rêve d'une politique au service de tous les individus et de notre environnement. Je suis quelqu'un de pragmatique mais qui aime parfois se projeter dans l'utopie.
Y a-t-il eu dans votre carrière des moments de doute ou ça été la sérénité totale ?
Que ce soit en politique ou professionnellement je ne sais pas si on peut parler de carrière. Par contre au niveau du doute ou de la sérénité, je peux répondre que je suis confiant en toute circonstance. J’ai appris à me battre pour ce qui peut être changé et à accepter ce qui ne peut pas l’être. Cela me permet d’être serein.
Quel est le sujet politique que vous abordez facilement avec votre entourage ?
Tous les sujets, d’une part je n’ai pas de tabou et d’autre part mon entourage est suffisamment diversifié pour que les sujets le soient également.
Quelles sont à votre avis les mots pour convaincre une personne lambda de soutenir un parti plus qu’un autre ?
Je ne pense pas qu’il faille soutenir un parti plus qu’un autre (même si certains partis prônent des idées que je ne pourrais soutenir). Je pense surtout que l’éducation, la formation et les apprentissages, qu’ils soient scolaire ou non, sont les clés pour que chacun prenne les bonnes décisions.
Vous arrivez à mettre en pratique ce que vous promettez en politique ou c’est incontestablement pas facile ?
Je ne promets rien si ce n’est de faire de mon mieux, j’espère donc arriver à mettre cela en pratique. Plus sérieusement, je pense qu’il est possible de changer les choses et d’influencer la politique dans un sens qui s’accorde au mieux avec mes valeurs. Comme tout processus collectif, et particulièrement si on veut être dans le « participatif », cela prend du temps et ce sont des milliers de petits pas qui peuvent créer une belle avance.
Niveau politique au cœur de Fribourg, tout est à refaire, des choses à changer ou tout est à faire ?
« Des choses à changer », je suis plus pour l’évolution que la révolution mais surtout pas la stagnation.
Quel genre de musique écoutez-vous dans la vie non politique ?
Parce qu’il y a des musiques qu’on écoute « dans la vie politique » qui diffèrent des autres ?
On vous souhaite quoi aujourd’hui politiquement ?
C’est à moi de vous souhaiter plein de courage dans votre implication politique quotidienne.
Antonin, merci beaucoup pour cette interview et belle continuation.
Crédit photo : Nicole Schafer photography