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La douceur de ses griffes, de Rosalie Lowie

Derrière le miroir de l'innocence : rencontre avec Rosalie Lowie pour son nouveau thriller, La douceur de ses griffes

Le danger a parfois l'apparence la plus trompeuse. Il se dissimule dans un sourire, une voix douce, une promesse bienveillante, avant de révéler sa véritable nature. Avec La douceur de ses griffes, son nouveau thriller psychologique, Rosalie Lowie explore ce thème fascinant et angoissant. L'autrice, dont les romans sont reconnus pour leur capacité à tisser des intrigues complexes et des personnages aux multiples facettes, nous plonge une fois de plus dans un univers où le mal se pare d'innocence. Loin des scènes de crimes sanglantes, c'est dans les méandres de l'esprit que se joue le plus grand des mystères. Nous avons eu l'opportunité de poser quelques questions à Rosalie Lowie pour en savoir plus sur les coulisses de son nouveau roman.

"La douceur de ses griffes" est un titre qui évoque un contraste troublant. Qu'est-ce qui vous a inspirée à choisir cette image pour votre nouveau thriller ?

J’aime les oxymores, associer deux mots de sens contradictoires pour provoquer le trouble et interpeler le lecteur dès la découverte du titre sur la couverture. C’était un peu le cas du titre de mon premier polar « un bien bel endroit pour mourir ». En même temps, cette association évoque l’emprise et une certaine façon de se laisser happer, cela suggère déjà pas mal d’images pour le lecteur. Seule la lecture de l’histoire lui permettra ensuite de comprendre. L’emprise est une mécanique complexe et sournoise, qui fait osciller les émotions et les perceptions, pour les deux parties. Je voulais que le titre exprime cette dualité.

Dans vos thrillers, le danger ne se manifeste pas toujours par la violence physique. Dans ce livre, comment avez-vous exploré la face cachée, plus psychologique, de la menace ?

En effet, il y a toujours un peu de violence physique, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus. Je préfère suggérer la violence (c’est à mon sens plus puissant) et développer le volet psychologique qui permet de se mettre dans la tête des protagonistes qu’ils soient victime, bourreau, tueur, et héros. Dans cet opus, j’ai souhaité aborder le thème de l’infiltration, des risques induits et du courage hallucinant que cela requiert. J’ai aussi voulu raconter du point de vue d’une victime ce qu’elle vit, toutes les émotions et pensées qui l’animent pendant l’enfermement, et donc emmener le lecteur à être sur son épaule pour vivre en quelque sorte ce qu’elle traverse. De nos jours, la télé ou les réseaux sociaux diffusent des faits d’hiver ou de la violence à la pelle, on zappe, on ne prend pas le temps de regarder les victimes, on s’indigne, mais on passe vite à autre chose, on s’habitue. Cela me bouleverse. La force d’un livre réside dans ce temps long qui permet de ralentir, de s’appesantir, de remettre de l’humanité dans les drames et les individus.

Vos romans sont souvent ancrés dans un lieu, qui devient presque un personnage. Quel est le décor de "La douceur de ses griffes" et de quelle manière a-t-il influencé l'intrigue ?

Nous restons sur la Côte d’Opale, mais immergés dans la forêt ou tout près dans le centre de formation en bienêtre, la Maison Rouge. La forêt permet de rajouter de l’angoisse, on s’y perd, on s’y griffe les bras ou les mollets, surtout la nuit. J’aimais l’idée de sortir du bord de mer, d’explorer un autre décor. L’intrigue d’un polar/thriller est essentielle, mais la psychologie des personnages et l’endroit où ils évoluent conditionnent l’atmosphère et la tension dramatique.

Vous êtes reconnue pour la complexité de vos intrigues. Comment construisez-vous les rebondissements de "La douceur de ses griffes" pour maintenir le suspense jusqu'à la dernière page ?

Oh la la ! C’est un vrai challenge qui m’angoisse autant qu’elle me stimule dans l’écriture. En début de projet, j’ai un très bref synopsis, je sais à peu près où je vais et avec quels personnages, mais j’aime écrire à l’envi, faire évoluer mes idées ou mes personnages en fonction de ce que j’ai déjà écrit, de nouvelles idées. J’essaie avant tout de me surprendre et de me challenger dans les pistes ou fausses pistes. Un de mes objectifs est de maintenir le suspense au plus loin, idéalement jusqu’à la dernière page. Cela demande de réécrire ensuite et retravailler beaucoup. L’écriture d’un roman est un temps long, j’évolue aussi avec mes personnages. Parfois, des idées que je trouvais géniales se ternissent avec le temps, ne fonctionnent pas et d’autres jaillissent. Il faut s’imprégner de ses personnages et de ce qu’on leur fait vivre et laisser la magie de l’écriture opérer.

Quel message ou quelle réflexion principale souhaiteriez-vous que les lecteurs retiennent après avoir refermé "La douceur de ses griffes" ?

Je n’ai pas cette prétention. Comme dans toute forme artistique, c’est à celui qui reçoit, le lecteur pour un livre, de se faire un avis ou d’accueillir ses émotions et son ressenti. Néanmoins, j’ai voulu évoquer les effets dévastateurs de l’emprise sectaire qui se dissimule et s’immisce de nos jours dans les aspects du quotidien, en santé, bienêtre, développement personnel, use et abuse de la fragilité des personnes.

J’ai souhaité aussi aborder la violence faite aux femmes, qui reste un de mes crédos, sous un certain prisme, mais je n’en dirai pas plus sinon je divulgâche… J’avais cette idée que je trouvais presque exagérée, mais je suis tombée sur un podcast il y a 3 ans relatant un fait divers terrifiant qui depuis a fait la une des journaux, alors j’ai poursuivi et creusé mon idée. Malheureusement la fiction est souvent en deçà de la réalité.

J’aime à penser qu’un polar / thriller soit un prétexte pour évoquer des faits de société, sonder la noirceur de nos âmes et nous amener à réfléchir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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