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Le monde en photo avec Philippe Pache

Bonjour, Philippe comment allez-vous ?

 

Merci, je vais plutôt bien … dans l’ensemble … question ou plutôt réponse pas si facile … cela dépend toujours de l’angle … Santé, amour, amitiés, finance … je dirais 3 sur 4 alors …

 

Pouvez-vous vous présenter en 4 mots ?

 

Ombre, lumière, inquiet, serein …

 

Quel est votre parcours professionnel ?

 

J’ai suivi l’école de photographie de Vevey de 1978 à 1982, j’ai toujours été photographe indépendant, un choix primordial pour moi, j’ai fait beaucoup d’expositions un peu dans le monde entier, mais je gagne ma vie avec des mandats divers pour la presse, entre autres . J’ai été le photographe du Béjart Ballet de Lausanne pendant près de 10 ans et ainsi que du Prix de Lausanne pendant plus de 12 ans …

 

Pourquoi se lancer dans le monde de la photo ?

 

Je m’y suis lancé sérieusement à 17 ans … sans réfléchir … j’ai arrêté le gymnase et j’ai dit à mes parents, très naïvement : Finalement, c’est la photo que je préfère faire … et c’est toujours le cas … près de 40 ans plus tard …

 

Quel type de clichés vous plaît le plus ?

J’aime avant tout les images simples, sans manipulations, les images qui respirent, où il se passe quelque chose, qui suggèrent plus qu’elles ne montrent … j’aime les images où je sens l’émotion de celle ou celui qui l’a prise …

 

Plutôt noir blanc ou couleur ?

 

J’ai toujours eu une préférence pour le noir et blanc, surtout dans mon travail personnel, le noir et blanc suggère plus, montre moins la réalité … mais j’aime depuis une quinzaine d’années la couleur … le déclic fut le film de Wong Kar Wai : In the mood for love … là j’ai ressenti une grande émotion pour la couleur … qui était presque le sujet du film … ou du moins l’élément essentiel des émotions …

 

Personnalité ou paysage ?

 

J’ai avant toute chose un goût naturel, un élan vers les gens, vers les visages … je dis souvent que je suis attiré par les visages comme un aimant … dans le double sens du terme …

 

Qui rêvez-vous de prendre en photo ?

 

Oh beaucoup de personnes, mais le premier qui me vient à l’esprit est Leonard Cohen, je trouve cet homme magnifique, son visage est d’une telle humanité et humilité … et j’aime tellement ses chansons …

 

Le plus beau cliché du monde (pour vous) il est signé … ?

 

J’aime tant de photographies, et souvent aussi des photos anonymes, des portraits de famille, d’enfants, que l’on trouve dans les brocantes ou vide-greniers … mais un portrait pour moi qui est un vrai chef d’œuvre, c’est un portrait de Bill Brandt, un visage nu, entre ombre et lumière, une image qui m’a beaucoup marqué et influencé ! J’aime aussi le portrait de Marylin Monroe, par Richard Avedon, perdue dans ses pensées, vulnérable … humaine, un Grand portrait !

 

L’envie de faire de la photo est en vous depuis des années et des années ou elle est venue au fil du temps ?

 

Enfant, j’étais déjà très sensible à l’image et à la lumière, mais je dessinais plutôt … je pensais faire les Beaux-Arts, mais un cours photo en option au collège de Morges m’a donné l’envie, puis la passion de la photo, grâce à la magie du laboratoire, de la chambre noire … on a monté un petit labo avec mon père dans un cagibi et j’y passais des nuits entières sans voir passer le temps …

 

Si vous deviez donner un conseil pour faire des photos comme vous ce serait lequel ?

 

Le seul intérêt est de faire des photos qui nous ressemblent et non qui ressemblent à celles des autres. Je donne souvent des workshops, stages de photographie et je pousse justement les gens à faire des photos personnelles, avec leur sensibilité … et ce sont souvent les débutants ( ou plutôt débutantes car ce sont presque toujours des femmes )qui arrivent à faire des photos plus vraies, plus personnelles, car ils n’ont pas d’œillères … ils sont plus libres que les amateurs passionnés qui souvent s’intéressent trop à la technique et aux appareils photo …

 

Vous avez déjà pensé à prendre en photo un artiste en studio entrain de chanter une chanson ?

 

Non, car quand les gens chantent, c’est comme quand ils parlent … cela donne souvent des grimaces … en studio, je préfère des attitudes plus calmes … j’aime les instants qui semblent durer dans le temps, j’aime moins les instantanés,

Je n’aime pas les anecdotes dans la photo …

 

Votre plus beau souvenir en tant que photographe

 

Il y en a tant … mais je me souviendrai toujours d’un portrait réalisé en 1982, quand j’étais en dernière année de l’école de photo de Vevey … je réalisais une série de portraits d’enfants pour le travail libre de diplôme de l’école

et j’allais chez les gens avec un fond que je déroulais derrière mes sujets pour les isoler dans l’image, et j’étais à Moudon chez une petite fille qui s’appelait Carmela … et soudain dans mon viseur, j’ai eu l’émotion et le sentiment

de saisir, de cueillir LA photo qui était la plus proche de ce que je désirais exprimer et partager dans une photographie.

Ce fut longtemps ma photo préférée …

 

On vous souhaite quoi aujourd’hui pour votre carrière ?

 

Juste de continuer sans cesse de saisir des perles de lumières… J’aime autant, voire plus mon métier qu’au début, mais on peut me souhaiter un peu plus de richesse car le métier de photographe est devenu très difficile financièrement … je ne regretterai jamais mon choix de l’indépendance … mais c’est devenu une vraie galère … et je déteste assez l’argent pour ne pas aimer devoir y penser sans arrêt …

 

 

Philippe Pache merci beaucoup pour cette interview et belle continuation.

 

Merci à vous … 

 

Crédit photo : Christine Ventouras 

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