Mirage : Clôture explosive ou illusion déceptive ?

Dans "Mirages" (Actes Sud, coll. Actes Noirs), Camilla Läckberg et son co-auteur, le mentaliste Henrik Fexeus, mettent un point final à la trilogie entamée avec La Boîte à miracles. Ce dernier volet nous plonge dans un Stockholm de Noël angoissant, confronté à une série de macabres découvertes dans les tunnels du métro et à une menace visant directement les plus hautes sphères du pouvoir.

L'intrigue : un compte à rebours sous la ville

Le roman s'ouvre sur une double menace. D'un côté, des ossements humains sont retrouvés sous la ville, disposés d'une manière inquiétante. De l'autre, le Ministre de la Justice, Niklas (par ailleurs ex-mari de l'enquêtrice Mina Dabiri), reçoit une mise en demeure glaçante : il lui reste quatorze jours à vivre. La tension est immédiate, installant un compte à rebours efficace qui promet une course contre la montre haletante.

L'intrigue, complexe, mêle manipulation, vengeance et secrets datant d'une vingtaine d'années, utilisant l'univers des tunnels du métro comme un décor sombre et claustrophobique qui est l'un des points forts du récit.

Le Duo Mina Dabiri et Vincent Walder

La véritable particularité de cette trilogie réside dans l'alliance de l'inspectrice Mina Dabiri et du mentaliste Vincent Walder.

• Mina Dabiri est une enquêtrice brillante mais tourmentée, marquée par une phobie extrême des germes et de la saleté (TOC).

• Vincent Walder est un mentaliste talentueux, expert en langage corporel et en illusions, lui aussi très vulnérable sur le plan personnel.

L'intérêt réside dans la façon dont ces deux personnalités blessées interagissent et se complètent. Dans "Mirages", cette dynamique atteint son apogée, avec les failles personnelles des deux héros qui sont pleinement exploitées par l'intrigue. La fin réserve d'ailleurs une révélation surprenante sur Vincent Walder qui, pour certains lecteurs, remettra toute la trilogie en perspective.

 Verdict

"Mirages" est une lecture qui ne laisse pas indifférent. C'est un thriller efficace qui tire le meilleur de l'art de Camilla Läckberg pour le suspense et de celui d'Henrik Fexeus pour la psychologie du mystère. Si vous avez suivi les aventures de Mina et Vincent, ce dernier tome offre une conclusion spectaculaire et explosive à leur parcours.

Pour les amateurs de polar psychologique sombre et de récits à la mécanique implacable, c'est une plongée réussie. En revanche, ceux qui n'adhèrent pas à la surenchère psychologique ou aux profils d'enquêteurs trop tourmentés pourraient trouver que le spectacle de l'illusion prend parfois le pas sur la crédibilité de l'enquête.