
Passion comédie avec Cédric Leproust
Bonjour Cédric, comment ça va ?
Comme en fin de saison : Fatigué mais heureux de l’année qui s’est écoulée. J’ai joué dans deux spectacles cette saison que j’affectionne particulièrement (Tristesse animal noir de Anja Hilling avec le collectif Sur un Malentendu et Blanche/Katrina mis en scène par Fabrice Gorgerat). A présent, j’attends l’été et le soleil pour recharger les batteries.Et vous ?
Quel est votre premier souvenir de spectateur :
Si c’est au cinéma, c’est le Roi Lion de Walt Disney. Au théâtre, c’était dans le village de Normandie où j’ai grandi : Crulai. Il y a une troupe d’amateurs qui joue des comédies. On y allait presque chaque année avec mes parents. A 18 ans, j’ai rejoint la troupe. C’est là que tout a commencé et que j’ai pris le goût du jeu et de la scène.
Quelle personnalité du théâtre vous a donné l’envie de faire ce métier ?
Ce n’est pas tant une personnalité que le fait de faire du théâtre en amateur qui m’a donné envie de me professionnaliser. Ce désir est venu très tard dans mon parcours. J’avais 22 ans et j’étais presque au bout de mes études pour devenir professeur de sciences-physiques. Je commençais à m’ennuyer fortement dans mes études et je pensais de plus au plus au théâtre, car la scène m’apportait un véritable espace de liberté. Sur scène, j’ai une vraie joie à « être » ou « ne pas être » (quitte à jouer au comédien interviewé, jouons-le jusqu’au bout) et c’est cette joie qui m’a séduite.
Ceci-dit, si je dois citer une personne, je nommerai Izabelle Laporte. Izabelle est une comédienne professionnelle, qui avait également fait ses débuts dans la troupe de Crulai. Quand je faisais du théâtre en amateur, elle était déjà professionnelle depuis une dizaine d’années, et j’étais allé la voir jouer dans une pièce au théâtre du Splendid à Paris. Ca a été un puissant déclencheur pour moi, car d’un seul coup mon désir était concret. Il y avait sur scène face à moi une jeune femme que je n’avais jamais vue mais dont je connaissais la famille, originaire du même village que le mien et qui avait fait du théâtre amateur dans la même troupe. Tout devenait possible. C’était évidemment très naïf de ma part, mais la naïveté permet souvent de faire des choses qu’on ne ferait pas en temps normal.
Le film qui vous a traumatisé pendant votre enfance ?
Je n’ai pas le souvenir d’un film précis, mais plutôt d’un dessin animé : « Rémi sans famille ». Les aventures de ce petit garçon sont juste terribles. Tout s’écroule en permanence autour de lui. C’est profondément triste. Je me souviens que j’aimais beaucoup regarder ce dessin animé et qu’en même temps ça me faisait souvent pleurer. Il y a aussi un épisode de « La petite maison dans la prairie » qui m’a beaucoup marqué. Ma maman adorait cette série et nous la regardions avec elle. Il y avait un épisode très drôle où Mr Edwards se liait d’amitié avec une guenon et qu’à la fin, je ne sais plus pour quelles raisons, il n’avait d’autre choix que de la tuer. Je me souviens avoir énormément pleuré et ne pas comprendre ce geste.
Une pièce de théâtre qui vous fait systématiquement hurler de rire ?
Honnêtement, je ne suis pas sur qu’il y en ait. Sans grande originalité, Le Père-Noël est une ordure par la troupe du Splendid me colle très vite le sourire aux lèvres, mais je crois que c’est aussi lié à une certaine nostalgie. Ceci-dit, j’avoue regarder régulièrement certains sketchs de Muriel Robin. Je la trouve vraiment drôle, car elle ne fait justement pas que des blagues. C’est avant tout une grande actrice. Elle a une grande maîtrise du jeu, du rythme, de la rupture, une puissance d’évocation très forte et surtout, elle engage énormément son corps ce que je trouve toujours trop rare dans le one-man-show.Il y a donc une certaine jouissance à l’écouter mais surtout à la regarder.
Une réplique de cinéma que vous aimez utiliser dans la vie ?
Je l’utilise pas forcément beaucoup étant donné ce qu’elle dit, mais je l’adore. C’est Depardieu dans Les Valseuses : « On est pas bien là, paisible, à la fraiche, décontracté du gland ? Et on bandera quand on aura envie de bander ! » Sinon, avec mes amis et collègues Emilie Blaser, Claire Deutsch, Pierre-Antoine Dubey, Cédric Djedje et Nora Steinig, nous avons créé le collectif Sur Un Malentendu, d’où le nom est tiré de la célèbre réplique de Michel Blanc dans Les Bronzés font du ski : « on sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher ».
Votre meilleur souvenir de tournage (série ou film)
A dire vrai, je tourne assez peu et d’ailleurs j’aimerai davantage faire de cinéma. Ca viendra peut-être. Depuis peu, je tourne quelques sketchs avec Vincent Veillon et Vincent Kucholl pour leur émission 26 minutes, et j’y prend beaucoup de plaisir à chaque fois.
Sinon, je me rappelle particulièrement d’un tournage d’une pub pour les chips Doritos. Dans le scénario, je mangeais des chips épicés, ce qui me faisait cracher ma langue dans le verre de ma petite amie. J’avais donc une fausse langue dans la bouche et on savait bien que ce serait quasi impossible à accomplir véritablement étant donné la distance qui me séparait du verre. Ce serait donc réaliser par un trucage. Seulement, à la première prise, j’ai craché la langue pile poil dans le verre. Je me souviens alors du suspens qui a pris toute l’équipe du tournage. C’était comme si le temps s’arrêtait. Et puis tout le monde à commencer à crier comme dans un stade lorsqu’un joueur de foot marque un but. C’était complètement fou. Seul hic, la prise n’était pas bonne et évidemment je n’ai jamais réussi à le refaire véritablement.
Si vous pourriez être un autre comédien lequel seriez-vous ?
Ca peut sembler prétentieux, mais je n’ai pas envie d’être un autre comédien. Je ne me trouve pas parfait loin de là, mais l’intérêt de ce métier, c’est de justement assumer ce qu’on est le temps de la représentation.
Ceci-dit, il y a des comédiens et des comédiennes dont j’envie clairement le talent, mais ils sont très nombreux pour vous les citer tous. Dans les plus connus : Léonardo Di Caprio, Matthew McConaughey, Romy Schneider, Jean-Pierre Marielle, Anne Dorval,…
L’acteur ou l’actrice qui vous touche le plus ?
Là encore, ça dépend. Il y a des acteurs qui m’ont réellement bouleversé dans un spectacle ou un film et qui ne m’ont absolument pas touché dans un autre. Si je devais choisir dans ce que j’ai vu récemment, je dirai à égalité Anne Dorval et Suzanne Clément dans Mommy de Xavier Dolan. Elles sont tout simplement magnifiques. Au théâtre, je dirai Mélina Martin, qui vient de terminer ses études à la Haute Ecole de Théâtre de Lausanne et qui y a présenté un solo ahurissant. J’avais rarement vu une chose d’une telle puissance.
Votre personnage de cinéma préféré ?
J’aime particulièrement Edward aux mains d’argent.
Au fond de moi, j’aurai adoré être un gamin dans Les Goonies.
Emportez-vous un objet fétiche sur un tournage ?
Non, je ne suis pas très grigri et pas tellement superstitieux en règle général. J’ai plutôt des rituels de préparation.
Ceci-dit, un jouet que j’ai reçu enfant, auquel je tiens énormément et que j’ai toujours dans ma chambre, était au centre de ma première mise en scène.
Dernière question : que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?
Sans hésitation, l’amour !!!
Merci Cédric pour cette interview et belle continuation
Merci à vous.
Crédit photo : Simon Letellier