
Rencontre avec Flavio Dias, auteur du livre pour enfants, "Le Chalet de la Tortue jalouse"
Qu'est-ce qui vous a inspiré à écrire des livres pour enfants ?
Je pense que dans un premier temps ce sont les souvenirs de mes premières expériences en tant que lecteur qui m’ont motivé à tenter l’expérience. J’ai toujours senti une gratitude infinie envers les premiers auteurs et auteures qui ont peuplé mon enfance - qui m’ont insufflé le goût de la lecture, de la poésie, de l’onirisme. C’est une période si particulière dans nos existences… la matière primaire de nos êtres en devenir, je tenais à cœur d’écrire une histoire qui s’inspirait de ces expériences si belles et fondatrices. J’ai ajouté une touche contemporaine en traitant d’un sujet qui me tient à cœur : les dynamiques d’une famille recomposée – les nouveaux liens qui se tissent et dans lesquels chacun essaye de trouver sa place, tout en étant mené à découvrir des nouvelles façons de vivre ensemble.
Comment se déroule votre processus créatif ?
Tout est parti d’une expérience bien réelle : des vacances d’hiver en famille dans un chalet à Gryon – dans les Alpes Vaudoises en 2021 ! Avec l’aide de ma belle-fille, nous nous sommes amusés à imaginer des noms bien plus inventifs aux différents chalets qui nous entouraient. À partir de ce postulat, j’ai pu développer les personnages et – à la base – écrire un petit conte (qui visait des enfants plus petits : entre 6 et 8 ans). C’était en échangeant avec Licia Chery (des éditions les visibles) que le projet a pu prendre de l’étoffe. Licia m’a conseillé d’aller vers une narrative bien plus profonde qu’aborderait davantage des sujets comme les relations intergénérationnelles, la gestion des émotions, les familles recomposées, la déconstruction des clichés… et cela sans perdre de son enchantement, de sa magie ! Ce ton artistique et onirique, l’œuvre le doit également aux très belles et artistiques illustrations de Juliette Villard, qui a su imprégner le récit de beauté et de poésie visuelle. Nous avons vraiment fait le pari de l’intelligence et la sensibilité de nos lecteurs et lectrices.
Quels sont les thèmes ou les messages que vous aimez aborder dans vos livres ?
Des thématiques très contemporaines qui nous permettent de repenser le monde, d’imaginer des nouvelles manières de concevoir les relations familiales - qui nous invitent à nous libérer de certains carcans, de certains clichés qui nous disent qu’une famille doit forcément composée d’une mère, d’un père et des enfants. En vivant moi-même au sein d’une famille recomposée - et en trouvant que nous voyons rarement des beaux-pères, des belles-mères, des demi-sœurs et des demi-frères dans la littérature jeunesse - je tenais à cœur d’écrire une histoire dans laquelle d’autres personnes qui vivent dans ces types de configuration puissent s’identifier. Je travaille en tant qu’éducateur sportif auprès des seniors et j’avais envie également de montrer la richesse des liens et de l’amitié intergénérationnelle.
Comment choisissez-vous vos personnages et leurs caractéristiques ?
Pour Sophia, je me suis librement inspiré de ma belle-fille (malgré le fait que son sport soit bien plus la natation que le football) – et, en ce qui concerne Mme Cunégonde, j’avais envie d’un personnage onirique – tout en étant ancré dans le réel, une personne d’un certain âge ayant mené des combats dans sa jeunesse, mais qui n’a pas perdu sa capacité d’émerveillement. Elle est inspirante, mais absolument pas donneuse des leçons. C’est une affaire de partage, de dialogue. Je tenais aussi à prêter hommage d’une part à Alice aux Pays des Merveilles et d’autre au cinéma de Hayao Miyazaki - car la magie, à mon avis, est vraiment dans les choses du quotidien, peu importe l’âge.
Quelle est l'importance des illustrations dans vos livres ?
Les illustrations de Juliette Villard - amie et fabuleuse artiste, avec des formations en Décor de Théâtre et en communication visuelle à l’ECAL – sont parties composantes et fondamentales de cette belle histoire dans laquelle le rêve n’est jamais loin. Juliette a adhéré au projet dès ses débuts et, sans elle, le récit n’aurait jamais pris vie. Nous avons un code génétique pop et poétique commun concernant nos références cinéphiles et les propositions de Juliette m’ont profondément touchées !
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui rêvent d'écrire des histoires ?
D’écrire ! Tout simplement ! Dans un premier temps, peut-être simplement pour la beauté du geste, pour le plaisir et la joie que l’écriture nous apporte, sans le souci d’être ou pas publié… Il faut que cela reste ludique, que la part de jeu et d’enfance ne soit jamais perdue ! C’est tellement merveilleux de raconter et d’écouter des histoires : écrivez les récits que vous aimeriez que l’on vous raconte !