
Rencontre avec Michel Layaz
Bonjour Michel comment allez-vous ?
Il y a en moi assez d’élans de vie pour essayer de ne pas être trop affecté par les circonstances, bonnes ou mauvaises. Je vais d’abord comme je suis.
Vous en 4 mots …
Je laisse aux autres le soin de les choisir.
Parlez-nous de votre livre «Louis Soutter, probablement»
Soutter est un artiste exceptionnel dont l’œuvre graphique rivalise avec celle des plus grands. Ses dessins m’ont tout de suite intrigué, bouleversé. La vie de Soutter, marquée par la souffrance et l’inadaptation, est romanesque à souhait. Il a dirigé une école d’art à Colorado Springs avant de mener une vie d’errance durant vingt ans pour finalement être enfermé, à 52 ans, dans un asile pour vieillards. Depuis longtemps, il y avait en moi un appel : parler de la vie de Soutter, parler de ses dessins, faire entrer Soutter dans la littérature. J’aimerais que mon livre permette à ceux qui ne connaissent pas Soutter de le rencontrer, et aux autres de le retrouver.
Le livre qui vous a le plus marqué dans votre enfance …
Un livre d’images qui montrait des grands mammifères, avec à chaque fois la femelle et son petit.
L’élément déclencheur qui vous a donné envie d’écrire …
Assez vite, cela s’est imposé comme une évidence : J’allais écrire. Je n’en doutais pas. Je ne me souciais pas trop de savoir quand cela se produirait. Cela se produirait, c’était certain.
L’écrivain ou l’élément qui vous inspire pour écrire des livres
Il y a d’abord un désir, pour ne pas dire une nécessité. Le reste (souvenirs, émotions, plan, idées, lectures) est secondaire. Ensuite, il y a eu des écrivains qui m’ont donné des coups de pied au derrière : Cendrars ou Claude Simon par exemple. Leur énergie est contagieuse.
Dans tous les livres que vous avez écrits, lequel selon vous est le plus réussi ? Celui dont vous êtes le plus fier ?
Je ne sais pas. J’ai une relation quasi affective à chacun de mes livres. Et puis, je n’aime pas trop regarder ce qui a été fait, plutôt ce qui pourrait encore l’être.
La valeur sûre au niveau littéraire actuellement
Les bons écrivains ne manquent pas.
Le livre que vous avez détesté lire pendant votre adolescence …
Je lisais assez peu pendant mon adolescence et je n’ai souvenir d’aucune détestation. Plutôt le contraire : j’ai adoré découvrir les classiques qu’on nous «imposait» : Villon, Baudelaire, Flaubert, Camus…
L’écrivain que vous rêvez de rencontrer
Pour rencontrer l’écrivain que je rêve de rencontrer, il suffit que j’ouvre ses livres. Maintenant, toucher l’homme (ou la femme) de près pourrait être intéressant, mais peut-être très décevant aussi. Mais si les baguettes magiques existaient, je ne cracherai tout de même pas pour une soirée avec Epictète, Cioran, Cendrars, Shakespeare, Dürrenmatt, Pessoa, Sarraute, Simon, Duras ou Jules Renard.
Le bonheur il est où, quand et comment ?
Quand on parvient à tricher le moins possible avec ses désirs.
Avec tous les livres que vous avez écrits, est-ce qu’il y a eu à un moment donné une envie de dire : stop je change ma vie d’écrivain contre une autre vie ou pas du tout ?
Après chaque livre (et cela depuis une dizaine d’années au moins), je me dis : C’est le dernier. Du temps passe, et toujours reviennent ce désir et ce besoin. Je ne sais pas jusqu’à quand cette affaire va durer…
Vous travaillez à l’Institut littéraire Suisse. On peut dire que la littérature c’est vital pour vous ? Vous êtes entouré de littérature
L’institut est une magnifique plateforme d’échanges et de discussions. Les jeunes qui suivent cette formation grouillent d’envies, d’idées, de questionnements. Ils font du bien.
Le syndrôme de la page blanche ça vous connaît ou pas du tout ?
Si la page est blanche, c’est qu’elle doit le rester.
Michel Bussi, Harlan Coben, Marcel Pagnol ou aucun des 3 ?
Je choisis l’ami d’Albert Cohen.
Ce que vous lisez actuellement …
Je (re)parcours distraitement les Papiers collés de Perros et je lis des nouvelles de Zweig. 14 Juillet de Vuillard m’attend.
Le prochain sujet de votre prochain livre
Je ne parle jamais du prochain roman.
Si vous n’étiez pas écrivain vous seriez …
Un bourreau de paresse.
Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?
Ce qu’on souhaite à un ami vrai.
Merci beaucoup Michel Layaz d’avoir répondu à mes questions et belle continuation littéraire.
Crédit photo : Wiktoria Bosc