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Rencontre avec Sophie Loubière pour la parution de ses nouveaux ouvrages « De cendres et de larmes » et « Cinq Cartes brûlées »

Bonjour Sophie, comment allez-vous ?

Fort bien, et vous?

Parlez-nous de vos derniers ouvrages « De cendres et de larmes » et « Cinq Cartes Brûlées ». Pourquoi ces titres et comment est née l’inspiration ?

Ces deux romans sont inspirés de faits et de décors réels qui donnent réalisme et crédibilité à ces récits de pure fiction. « De cendres et de larmes » raconte l’histoire d'une famille de trois enfants cloîtrée dans un pavillon de fonction au milieu des tombes depuis que Christian, le papa, a endossé le costume de gardien de cimetière. Petit à petit, le panorama va peser sur la vie de chacun, replier sur eux ses hauts murs, les couper du monde extérieur, et ramener quelques fantômes. Quelque chose est là, dans ce cimetière, qui les observe et les menaces..  Son titre est inspiré d’une épitaphe. Quand à « Cinq cartes brûlées » qui a reçu le prix Landerneau l’année dernière, il vous plonge dans la tête d’une petite fille, Laurence, qui grandit dans le Cantal entre un frère qui la harcèle et un père dont le départ va bouleverser son existence. Adolescente boulimique, elle trouve son salut dans le sport de compétition et devient championne olympique. Mais sa vie, faite de hauts et de bas, la ramène à Saint Flour où pour payer le loyer de la maison qu’elle occupe avec son frère, elle devient croupière dans le petit casino d’une ville thermale, Chaudes-Aigues. Ces cinq cartes brûlées sont celles qu’elle écarte du jeu à chaque partie de black-jack. Ce sont celles aussi, plus symboliques, de sa vie: des cartes jouées de plus en plus dangereusement et dont la dernière sera forcément fatale.

Est-ce que vous vous inspirez d’autres auteurs de thriller pour créer une histoire ou pas du tout ?

Il m’arrive de faire référence à des films, eux même inspirés de romans. "De cendres et de larmes" évoque par quelques aspects le « Shinning" de Kubrick, très librement inspiré de l'ouvrage de Stephen King. On dit souvent que mes romans sont très cinématographiques. C’est sans doute parce que, àl a manière d’un metteur-en-scène, je projette la scène que j’écris dans ma tête. Je travaille mes plans dans les moindres détails et je me glisse dans chacun des personnages afin de ressentir leurs émotions. Car c’est de cela qu’il est d’abord question, dans un roman : de ces émotions qui bouleversent le lecteur.

Avec tous ces ouvrages à votre actif, avez-vous parfois le syndrome de la page blanche ?

Je souffre surtout du syndrome du trop plein d’idée et du manque de temps pour tout écrire.

Est-ce que les personnages de vos ouvrages sont fictifs ou réels ?

Les personnages de mes romans sont fictifs, bien sûr, dans la mesure où ils n’existent pas réellement. Mais si vous pensez qu’ils existent, alors, c’est que j’ai bien travaillé. Plus sérieusement, certains sont nourris de personnes réelles que j’ai interviewées pour les besoins d’un roman sur leur métier et leur expérience de vie, comme c’est le cas du personnage de Christian Mara dans « De cendres et de larmes » inspiré du gardien du cimetière de Bercy, à Paris. Parfois, je m’inspire de mon propre vécu, y puise des éléments qui vont donner plus de réalisme à un personnage, comme c’est le cas de Laurence Graissac dans « Cinq cartes brûlées », laquelle a connu comme moi une petite enfance compliquée par un grand-frère qui lui rend la vie difficile parce qu’il ne voulait pas de petite soeur. Parfois, je vais puiser dans ma propre famille comme pour « L’enfant aux cailloux », dont le personnage principal, une directrice d’école retraitée, est très inspiré de ma propre mère. Je crois que la plupart des romanciers agissent de la sorte. C’est le cas d’Arthur Conan Doyle, de Colette, de Dashiell Hammett, d’Agathe Christie et de Ian Fleming, pou ne citer qu’eux.

Question un peu naïve mais j’assume, c’est le thriller qui est venu vers vous ou c’est l’inverse ?

Ni l’un ni l’autre: le thriller est un genre que j’affectionne parmi d’autre. Trois de mes ouvrages sont publiés en littérature générale et « A le mesure de nos silences » paru en 2015 (Fleuve Editions), évoque un fait historique de la seconde guerre mondiale absolument méconnu mettant en scène de jeunes soldats SS. Je me sens plus proche du roman noir que du thriller. Mes livres explorent des angles morts, ils dérangent, questionnent, effraient, parfois. J’aime beaucoup manipuler le lecteur. Mais ne comptez pas sur moi pour donner dans le crime spectaculaire. Les scènes de jeunes filles qu’on torture,  les sadiques armés de pinces coupantes, m’ennuient prodigieusement. j’ai l’impression parfois en lisant certain thriller à succès de tenir entre mes mains le catalogue des 3 Suisses des sévices et autres perversités. Et franchement, c’est lamentable.

De quoi parlait le dernier livre que vous ayez lu ?

D’un philatéliste soupçonné d’avoir tué sa femme. « Le petit homme d’Arkhangelsk " (1956) Une merveille de sobriété et d’élégance signée Simenon.

A votre avis, qu’est-ce qui fait que vos livres plaisent autant ?

Leur sincérité.  

Est-ce que vous vous seriez vu dans un autre style littéraire que le suspens ou pas du tout ? Par exemple, Sophie Loubière qui écrit des romans d’amour, est-ce que ce serait possible ? 

Mes livres sont tous des romans d’amour.  Les intrigues policières, les mystères, les péripéties qui nourrissent les récits ne sont que des prétextes pour dire l’amour et sa puissance, qu’elle soit de vie ou de destruction. C’est dans ce que la passion offre de périlleux et de fascinant que s'incarnent les films noirs des années 30 et 40 (et le cinéma d'Hitchcock et de Truffaut en particulier).

Imaginons un livre de suspens à 4 mains. Les vôtres et celles de Maxime Chattam, est-ce que cela pourrait se faire ou ce serait compliqué ? 

Voilà qui serait intéressant. J’ai eu le bonheur de travailler à 4 mains avec l’auteur de BD Didier Savard en 1997 pour l’écriture d’un feuilleton radiophonique de 100 épisodes diffusé sur France Inter. C’est un formidable souvenir. nous avons beaucoup appris l’un de l’autre. (https://www.lefigaro.fr/bd/2016/07/13/03014-20160713ARTFIG00016-sophie-loubiere-didier-savard-avait-une-dimension-dramatique.php)

Quelle est votre recette du bonheur ?

Partir en vacances sans emporter de quoi écrire, profiter des moments de solitudes pour respirer la vie, voyager et me perdre sur des petits chemins loin de toute civilisation. Le parcours d'une petite fille dyslexique, terrorisée par les dictées, qui devient romancière et dont les ouvrages sont étudiés à l’école et figurent dans des manuelles d’apprentissages de la lecture. Son prénom commence par un « s ».

Dernière question à vous poser : que puis-je vous souhaiter aujourd’hui pour demain ?

Une santé de fer.

Merci infiniment pour cette interview et belle continuation littéraire 

Ce fut un plaisir!

  https://decendresetdelarmes.blogspot.com/

  https://5cartesbrulees.blogspot.com/

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