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Rendez-vous littéraire avec Sylvain Forge, auteur de "Sauve-la"

Bonjour Sylvain, ravie de faire votre connaissance comment ça va ?

Très bien, je vous remercie.

Parlez-nous de votre livre « Sauve-la » comment est-il né, on veut tout savoir Il s’agit d’un roman contemporain qui, comme dans mes précédents opus, mélange suspense et questionnement scientifique. À la différence qu’il ne s’agit pas ici d’un polar, mais d’un thriller où le point de vue ne sera pas celui d’un policier, mais d’un homme ordinaire, confronté à une situation impensable. « Sauve-la » est un récit d’intrigue où la dimension psychologie est très importante. Les questionnements sur la mort, la mémoire, l’amour et la pérennité des sentiments y sont très présents. En deux mots, pour résumer l’histoire : le personnage d’Alexis, sur le point d’épouser la fille de son patron, est recontacté par SMS par son amour de jeunesse (Clara), une femme vivant au Canada et dont il n’a jamais réussi à faire le deuil, près de 30 ans après leur séparation. Voilà que Clara le supplie de l’aider à retrouver sa fille, longtemps présumée morte dans un accident d’autocar, mais dont une photo récente lui laisse penser qu’elle serait encore en vie. Tel est l’élément déclencheur. Alexis va se trouver confronté à de nombreux dilemmes : peut-il compromettre son mariage pour retrouver une fille qu’il ne connaît pas ? Ne risque-t-il pas de retomber amoureux de Clara ? Cette femme, du reste, qui refuse de le rencontrer n’a-t-elle pas perdu la raison ? Il s’agit là des grandes lignes d’un livre dont le (premier) coup de théâtre, surgissant dans les premiers chapitres, lui conférera une tout autre dimension. Pour résumer, Sauve-la est l’improbable rejeton de « Matrix » et de « Sur la route de Madison » J

Où avez-vous trouvé l’inspiration pour l’écriture de ce livre ? J’ai vécu moi-même une histoire passionnée, il y a bien longtemps et je me suis demandé quelles tournures aurai pu prendre les évènements, avec les technologies d’aujourd’hui. Ensuite, voyant l’histoire que cela aurait pu donner, j’ai appliqué le questionnement de tout auteur de polar : « Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? ».Et puis, j’ai lu une étude estimant que chaque minute, trois personnes inscrites sur Facebook meurent dans le monde et qu’en 2065 (si la plateforme existe toujours), le nombre d’utilisateurs décédés dépassera celui des vivants. Un phénomène en France que la mort en série des baby-boomers devrait amplifier dans les prochaines décennies, avec des pics de 800 000 décès par an, soit 2000 chaque jour. Quand les réseaux sociaux seront de vastes cimetières, que se passera-t-il ? Mon expérience, mes lectures, Sauve la en est l’enfant légitime.

Question un peu naïve, mais j’assume complètement : c’est le thriller qui est venu vers vous ou c’est l’inverse ? J’écris indifféremment des polars, du thriller et même du roman jeunesse. Ce que j’aime, d’abord, c’est le suspense. Je suis d’une curiosité insatiable et tout m’intéresse. Mes histoires s’inspirent de l’actualité, de l’Histoire etc.

Avec tous les livres que vous avez à votre actif, est-ce que le syndrome de la page blanche, on connaît ou pas ? Ce doit être comme le tract pour les acteurs, tous les auteurs doivent y être confrontés, sous une forme plus ou moins sévère. J’ai appris que le travail et la discipline permettent souvent de l’éviter. Se retrouver sans idée, en rase campagne, c’est le signe que quelque chose ne fonctionne pas dans le récit. Les dialogues peut-être et derrière eux, la caractérisation des personnages. Il faut donc, comme disait le dramaturge Henrik Ibsen, « posséder le personnage de bout en bout » avant de commencer à écrire. J’ai d’ailleurs réalisé plusieurs vidéos sur YOUTUBE, consacrées à ce thème et d’autres. https://youtu.be/Zv--DbytwVo

Il m’arrive parfois de ressentir cette angoisse, mais de moins en moins souvent, car je fais un gros travail de préparation en amont, avant même de rédiger. De plus, les techniques d’écriture (dramaturgie) permettent grandement d’éviter cet écueil. Si malgré tout il survient, je prends un peu de recul, j’attends un jour ou deux ou trois et en général, les idées font leur grand retour.

Qu’est-ce qu’il a de plus ce livre-là par rapport aux autres ? Je n’ai pas la prétention de dire qu’il aurait quelque chose de plus que les autres, mais je crois qu’il contient une histoire profonde et originale, qui n’a jamais été racontée jusqu’à ce jour. Je pense que mes lecteurs se souviendront longtemps des personnages de Clara et d’Alexis et que leur histoire a quelque chose de déchirant, mais aussi d’universel, au sens où elle pourrait bien préfigurer dans un futur immédiat de nouveaux types de rapports, une histoire d’amour éternelle, grâce aux nouvelles technologies. 

On est d’accord que ce livre-là (Sauve-la) est basé sur une fiction, y a pas une once de réalité, l’histoire est pas réelle ?  Le récit est une fiction, mais le postulat de base (impossible à dévoiler sinon c’est divulgâcher) repose sur un concept bien réel. Chacun de mes livres dévoile des technologies, des situations qui sont toutes le fruit d’intenses recherches. C’est la raison pour laquelle je livre en annexe de mes histoires, des liens pour permettre aux lecteurs de départager le vrai du faux. Et la frontière est bien étroite. Pour Sauve-la, il s’agit là d’une histoire crédible qui pourrait advenir d’ici 5 ans. Je suis précis, vous voyez. C’est l’analyse d’ingénieurs en informatique à qui j’avais présenté les bases de mon histoire. C’est cela qui rend selon moi, cette histoire fascinante et, il faut bien le dire aussi, absolument terrifiante…

Un livre à 4 mains ça le ferait ou pas ? Si oui avec qui ? C’est quelque chose qui ne m’intéresse pas, à priori. Du coup je ne me suis pas donné la peine de penser à quelqu’un. Il faudrait une histoire à deux voix. Les quelques auteurs que je connais qui ont écrit un roman à quatre mains… non plus envie de recommencer J En revanche, je travaille actuellement avec deux scénaristes [Alexandra Julhiet et Patrick Benedeck] pour l’adaptation en série de « Tension extrême » (DEMD Prod.) et c’est une expérience très intéressante. Très stimulante.

Quelles sont vos influences littéraires ? Elles viennent de la pop culture, de la littérature blanche et dans une moindre mesure du polar et du thriller. En ce moment je lis Cujo de Stephen king, Marathon man de William Goldman. Je me suis replongé dans Pagnol avec Jean de Florette et Total recall de Philip K. Dick attend son heure, sur ma table de nuit.

Quelles sont vos sources d’inspiration pour l’écriture ? Mon travail d’expert en cybersécurité, mes échanges avec les chercheurs, les entrepreneurs et tous ces gens formidables qui fondent des start’up avec l’envie de changer le monde. J’ai été au contact ces dernières semaines avec des entreprises innovantes dans le domaine de la lutte contre le Covid-19 et c’est passionnant. Je lis beaucoup de presse, de magazines spécialisés sur la robotique, l’aéronautique. Je fais des fiches sur des thèmes intéressants à exploiter. Pour écrire mon roman jeunesse qui sortira début 2021 chez Michel Lafon [une dystopie dans laquelle les adultes perdent la vue ] je me suis inspiré d’un article scientifique de The Lancet, affirmant qu’en Europe, en Russie et en Amérique du Nord, la proportion de personnes ayant une mauvaise vision de loin atteint les 50 %, tandis qu’en Asie ce taux grimpe jusqu’à 65 % de la population, 80 % en Chine !

Le dernier livre que vous ayez lu, il parlait de quoi ? Une histoire d’amour sublime : La lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson. Conseillé par Sophie, libraire au Bouillon de culture, à Caen [14]. J’ai lu aussi il y a peu le numéro 96 de Bifrost, la revue des mondes imaginaires, consacré à William Gibson, inventeur du terme cyberespace et dont l’œuvre est à l’origine du cyberpunk. J’aime quand il dit : « J’utilise le langage scientifique comme une sorte de poésie ».

A votre avis qu’est-ce qui fait que vos livres plaisent autant ? J’essaye à chaque fois, avant de commencer à écrire, de trouver un pitch original, un sujet que personne n’a jamais abordé. Sans renier aucunement le suspense. Les chapitres s’enchaînent et à la fin, mes lecteurs sont contents d’avoir découvert des trucs.

Votre recette du bonheur c’est quoi ? La dramaturgie nous apprend « qu’il manque toujours quelque chose » et que l’être humain est perpétuellement insatisfait. Toutefois, l’écriture me permet d’avoir une « seconde vie » et c’est quelque chose de formidable. L’art est tout simplement indispensable à la vie, car justement « la vie ne suffit pas ». Ce n’est pas le titre d’un James Bond, mais l’extrait de cette belle phrase de Fernando Pessoa. « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas ».

Le prochain livre de Sylvain Forge, il parlera de quoi ? On retrouvera mon personnage récurent, Isabelle Mayet, officier de police à Nantes, dans un polar plus classique qui s’inscrira chronologiquement dans la suite de Tension extrême [Fayard]. Je ne peux rien dévoiler pour l’heure, mais l’objectif sera de contenter de nouveaux lecteurs tout comme ceux qui ont aimé Tension extrême. La barre est haute. Je commence à peine à rédiger…

Dernière question à vous poser : que puis-je vous souhaiter aujourd’hui pour demain ? Trouver un peu plus de temps pour écrire. Deux métiers, trois enfants… dure dure la vie !

Merci infiniment pour cette interview et belle continuation littéraire

 

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