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Roy Braverman et son nouveau thriller Manhattan Sunset

Bonjour Roy, bonne année comment allez-vous ?

Je vais très bien. J’écris un peu tous les jours, et ça suffit à mon bonheur.

Parlez-nous de votre nouveau thriller Manhattan Sunset comment est-il né ?

Comme tous mes romans, Manhattan Sunset est né d’un souvenir de voyage. J’ai découvert New York à 17 ans en 1966. J’y ai séjourné seul, pendant un peu plus de trois mois, dans le Bronx, très exactement à Townsend Avenue, à l’adresse même où habite un de mes personnages. C’est pendant ce séjour que j’ai été témoin pour la première fois d’un Manhattanhenge. Ce jour-là, le soleil se couche sur l’Hudson River très exactement dans l’alignement de la 42e rue et pendant quelques minutes à peine inonde de sa lumière la rue d’un bout à l’autre. Ce phénomène très spectaculaire se produit une fois par an et j’en ai toujours gardé le souvenir dans un coin de ma tête pour construire une histoire autour.

D’où vous est venue l’inspiration pour écrire ce livre ?

La véritable idée à l’origine de ce livre, c’est à la fois la tragique histoire de la disparition de la petite Maddie McCann au Portugal en 2007, et un article que j’ai lu sur les progrès des portraits-robots « vieillis » grâce à l’intelligence artificielle. Comment un portrait « vieilli » pourrait permettre d’identifier un bébé victime d’un enlèvement dix ans plus tard, et ce que cela supposerait de réactions dans toute la chaîne d’un réseau criminel de trafic humain,  jusqu’à des parents adoptifs. L’autre élément déterminant a été l’envie de situer cette histoire à New York et d’en profiter pour dire ce que je pense de cette ville fascinante.

De tous les livres que vous avez écrits lequel est le plus abouti, celui dont vous êtes le plus fier ?

Un auteur considère toujours son dernier roman comme le plus abouti dans la mesure où cette dernière production se nourrit de l’expérience d’écriture de toutes les précédentes. Après, j’ai, comme d’autres, des classements sélectifs, des coups de cœur particuliers. Yeruldelgger parce que c’est celui qui déclenche tout, Mato Grosso parce que c’est le plus autobiographique, Freeman parce que c’est la fin d’une trilogie américaine que j’ai beaucoup aimé écrire…En fait chaque livre aurait une raison particulière de figurer en tête d’un classement subjectif pour une raison ou pour une autre.

Le syndrome de la page blanche on connaît ou pas ?

Connais pas. J’ai plutôt le syndrome de la page noire dans la mesure ou chaque matin, pratiquement, je me réveille avec l’envie d’écrire une nouvelle histoire. Mon principal effort de discipline, c’est de me retenir de commencer à écrire toutes ces histoires, car je ne sais pas me contenter de noter des idées. Une idée pour moi, c’est le premier chapitre, c’est-à-dire au moins une vingtaine de pages rédigées et dialoguées et j’en ai des dizaines dans la mémoire de mon ordinateur. Par ailleurs j’écris toujours deux ou trois romans en même temps. Si je suis en panne sur une histoire, je saute sur l’autre dans la minute.

Est-ce qu’un jour dans votre carrière vous vous êtes dit : « j’arrête tout je me reconvertis j’exerce un autre métier » ? Ou pas ?

L’écriture est déjà une reconversion. Je n’ai commencé à écrire qu’il y a huit ans, ce qui veut dire que j’ai soixante-quatre de vie avant l’écriture. Je n’arrêterai jamais ?

Vous dans la peau d’un auteur de livres romantiques à l’eau de rose c’est possible ou pas ?

Oui. Au cours des dix années de vie qu’il me reste statistiquement (j’espère), je veux m’essayer à tous les styles possibles. J’ai déjà écrit un essai, un roman jeunesse, des thrillers, un roman noir, une saga familiale. Je ne m’interdis aucun genre. Science-fiction, fantasy, anticipation, érotique, romance, dystopie… si j’ai le temps, j’essayerai tout.

Fiction ou réalité pour vos livres ?

Aucun roman n’est tout à fait une fiction, d’une part parce qu’il contient toujours et souvent beaucoup de la vie de l’auteur, et parce que les miens s’appuient toujours sur des problèmes sociaux, environnementaux ou géopolitiques réels

Question naïve mais j’assume, c’est le thriller qui est venu à vous ou c’est l’inverse ?

Ce fut une collision si frontale qu’il est impossible de dire qui a percuté l’autre le premier.

Parlons un peu de vous et de vos goûts littéraires

Ce que j’aime c’est l’écriture. La fulgurance d’une métaphore, l’alchimie grammaticale d’une belle phrase, une audace d’écriture, une coquetterie d’auteur. C’est ce que je cherche quand j’ouvre un livre au hasard, contemporain ou ancien. Ce n’est ni le genre, ni l’intrigue qui m’importe, c’est l’écriture. J’ai trouvé de vraies belles pages dans des articles scientifiques.

Quelles sont vos influences nationales ou internationales dans le monde du thriller ?

J’écris mon premier thriller à la suite d’un pari. Avant ça, je n’ai aucune culture du polar, ni français, ni étrangers. Je me suis arrêté dans les années quatre-vingt à la lecture de Ludlum, Forsythe ou Le Carré. Je lis très peu. Je préfère écrire que lire.

Être sous les feux des projecteurs ou être Roy Braverman tout simplement ?

Je suis à la fois Patrick Manoukian et tous les autres avatars, Jacques haret, Paul Eyghar, Ian Manook, Roy Braverman et ceux à venir (Il en existe déjà un autre…)

Le premier thriller que vous ayez lu, vous vous en souvenez ?

Le thriller, je ne me souviens pas, mais le premier roman noir, oui, bien sûr, c’était Les Misérables de Victor Hugo. Tout est dedans, l’intrigue policière sur fond de drame social, l’abus de pouvoir de la police et l’acharnement de la justice, l’injustice sociale, la vengeance et la rédemption, la révolte et la répression. Sans aucun doute mon premier roman noir.

Écrire à 4 mains ça se tente ou pas du tout ?

C’est fait. Un roman noir et social sous forme d’aller-retour entre les années soixante et aujourd’hui qui se déroule entre l’Angleterre, l’Irlande et l’Écosse. Une magnifique aventure d’écriture et d’amitié avec un copain auteur. Le manuscrit circule chez 16 éditeurs sous un nouveau pseudo collectif. Trois ont déjà refusé. Il nous reste 13 chances encore…

Le prochain thriller, il sera sur quel sujet ?

C’est un « polar d’été », moins sombre, plus léger que d’habitude, qui se passe pendant l’été indien dans le Rhodes Island, le plus petit état des États-Unis. Deux écrivains déjà célèbres habitent chacun un joli lodge de chaque côté d’un lac au milieu duquel on retrouve le corps noyé d’une jeune romancière au premier roman très prometteur dont l’enquête, menée par un policier local obstiné et têtu, révélera des liens avec chacun des deux auteurs. À paraître en juin chez Hugo sous le titre de Pasakukoo, qui est le nom du lac en question.

Dernière question à vous poser : On se donne rendez-vous dans 20 ans avec un thriller hyper passionnant comme vous savez si bien le faire ?

Dans vingt ans je serai mort, et vous risquez d’attendre longtemps à notre rendez-vous.

Un grand merci Roy Braverman pour cette interview, belle continuation littéraire et une très bonne année 2021.

 

 

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