
Tous au poste avec Samuel Gontier
Bonjour Samuel comment allez-vous ?
Bien. Agréablement surpris de devoir répondre à une interview ne portant pas uniquement sur la télévision.
Vous en 4 mots …
Pernaut, Pujadas, Drucker, Hanouna… Oups, pardon, la télé, toujours la télé…
Parlez-nous de votre livre « Ma vie au poste »
Il est le fruit de huit années d’observation de la télévision pour Télérama, hebdomadaire où je signe une chronique et sur le site duquel je tiens le blog “Ma vie au poste”, tous deux consacrés aux programmes de “flux”, au tout-venant de la télé : talk-shows, jeux, divertissements, télé-réalité, docu-réalité… jusqu’au télé-achat, et beaucoup d’info. Attention !, ce n’est pas un recueil de textes déjà écrits. En m’appuyant sur ces derniers, j’ai tenté de cerner les traits communs à ces émissions qui, sans être de grande qualité, occupent un important temps d’antenne. Sexisme, culte de la compétition, servilité, flatterie des émotions, ethnocentrisme et xénophobie, consumérisme… Je dessine ainsi l’“appareil idéologique” (Althusser) d’un média qui reste un “formidable outil de maintien de l’ordre symbolique”, selon l’expression du sociologue Pierre Bourdieu en 1996.
Ecrire ce livre ça a été un besoin ou une envie ?
Ça a d’abord été la commande des éditions La Découverte et de François Gèze. Elle s’est trouvée correspondre à un besoin de donner une cohérence, un sens à ce que je chroniquais dans le désordre au jour le jour. Et à une envie de faire découvrir cette télévision aux personnes qui l’ignorent — et souvent la fuient (je ne les en blâme pas) – mais qui n’en doivent pas moins être informés de son contenu, de la vision du monde qu’elle véhicule et imprime dans le cerveau de millions de leurs concitoyen(ne)s.
Vous vous sentez plutôt écrivain dans l’âme ou journaliste ?
Journaliste. Si “le style fait l’homme”, il ne fait pas de moi un écrivain. D’ailleurs, je ne prétends pas en posséder un. Ou seulement un style par défaut, par incidence puisque, dans ce livre et dans mon travail quotidien, je m’appuie sur de nombreuses citations de personnages de télévision dont la transcription à l’écrit offre un pouvoir de révélation, d'élucidation.
Le livre qui vous a le plus marqué dans votre enfance …
Le Rouge et le Noir, de Stendhal.
L’élément déclencheur qui vous a donné envie d’écrire …
Pas de magique déclic, plutôt un faisceau d’éléments biographiques qu’il serait trop long de détailler ici. Mais s’il ne fallait en citer qu’un : la lecture de Paris est une fête, d’Hemingway, pour ce qu’il transmet du plaisir d’écrire.
Le bonheur il est où quand comment et avec qui ?
Le plus loin possible de tout téléviseur, à la fin du printemps, en marchant sur un sentier de montagne, avec des marmottes.
Ce que vous lisez en ce moment ?
Une femme, d’Annie Ernaux.
Le livre que vous avez détesté lire pendant votre adolescence …
Le Lion, de Joseph Kessel. Par la faute d'un barbifiant professeur de français plutôt que par celle de l’auteur, je suppose (définitivement écœuré, je n’ai pas vérifié).
L’écrivain que vous rêvez de rencontrer
Léon Werth, attablé dans l’autre monde devant un verre de blanc avec son ami “Tonio” (Saint-Exupéry).
Michel Bussi, Harlan Coben, ou Marcel Pagnol ?
Léon Werth ?
Si vous n’étiez pas écrivain ni journaliste vous seriez …
Eleveur d’agneaux de prés-salés dans la baie du Mont-Saint-Michel.
Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?
De ne pas passer le reste de ma vie au poste.
Merci beaucoup Samuel Gontier d’avoir répondu à mes questions et belle continuation littéraire.
Littéraire, c’est trop d’honneur me faire… Belle et longue continuation à Assumag.
Crédit photo : Pauline Le Goff